Chaque mois, un millier de personnes en détresse suicidaire appellent à l’aide en Wallonie
Les psychologues de la seule structure de prévention du suicide au sud du pays observent une augmentation des passages à l’acte et des scarifications, surtout chez les adolescents et les jeunes. “Un pass dans l’impasse” lance un appel aux sentinelles. Pour sauver des vies.
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Publié le 01-02-2023 à 18h29 - Mis à jour le 01-02-2023 à 18h31
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Les derniers chiffres livrés par “Un pass dans l’impasse”, la seule structure de prévention du suicide en Wallonie, viennent confirmer un constat alarmant : la santé mentale de la population a pris un solide coup en raison des crises (sanitaire, énergétique, économique) qui se succèdent. L’ASBL reçoit actuellement chaque mois un millier d’appels téléphoniques pour des demandes d’aide. Le nombre de consultations chez “Un pass dans l’impasse” a augmenté de près de 40 % au cours des deux dernières années : 5 338 en 2022, contre 3 882 en 2020. Les psychologues en contact avec les personnes qui vont mal remarquent une très forte augmentation des troubles anxiodépressifs, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes. Ils s’inquiètent de la hausse de l’intensité des idéations suicidaires ainsi que de la multiplication des passages à l’acte et des scarifications.
Une situation plus dramatique dans le sud du pays
La détresse, tangible, continue de croître alors qu’avant même ces crises, le suicide concernait déjà autour de 2 000 personnes par an en Belgique. On en a dénombré précisément 1 728 en 2019, selon les dernières statistiques disponibles. Mais elles ne répercutent pas le chiffre noir, comme les suicides maquillés en accidents de roulage.
En moyenne, chaque jour, cinq personnes se donnent la mort en Belgique. Le nombre de suicides par région mis en rapport avec le nombre d’habitants révèle une situation encore plus dramatique en Wallonie, indique “Un pass dans l’impasse”.
Autre indice du niveau d’alerte : le suicide reste la première cause de mortalité chez les 15-44 ans avant les cancers et les accidents de la route. C’était déjà le cas en 2019.
Des lanceurs d’alerte sont recherchés
L’association a mis ces chiffres interpellants en exergue lors de la visite effectuée dans ses locaux mercredi après-midi par le ministre-Président wallon, Elio Di Rupo (PS), à l’occasion de la Journée francophone de la prévention du suicide (le 5 février). “Un pass dans l’impasse” rappelle l’importance de devenir une sentinelle en prévention du suicide. La ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS), diffusera d’ailleurs, sur les réseaux sociaux, une vidéo invitant chacun, qu’il soit parent, étudiant, banquier, éducateur, vendeur… à devenir une sentinelle, pour élargir le réseau existant.
Une sentinelle, c’est un citoyen volontaire, formé par l’ASBL, pour détecter une personne en détresse suicidaire et déclencher une alerte. Et donc pour sauver des vies. Les sentinelles font office de relais entre la personne en mal-être, avec son accord, et “Un pass dans l’impasse”.
Pour s’inscrire, la démarche est simple, via le bouton “Alertez-nous” sur le site Internet de l’ASBL. Les candidat(e) s recevront, par mail, une courte vidéo avec toutes les informations nécessaires, ainsi que des identifiants qui permettront, le cas échéant, de déclencher une alerte. Une sensibilisation (gratuite) de trois heures, qui peut être suivie en vidéoconférence, permet de parfaire le rôle de sentinelle.