Le président de l'Exécutif des Musulmans accuse Van Quickenborne de "rompre le dialogue" avec la communauté musulmane
Mehmet Üstün regrette que le ministre ait privé l'EMB de subsdides.
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Publié le 01-02-2023 à 08h42 - Mis à jour le 01-02-2023 à 10h02
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Le président de l'Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB), Mehmet Üstün, a accusé cette semaine le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), de "rompre le dialogue avec la communauté musulmane" en lui ayant retiré sa reconnaissance et en le privant du "moindre subside" alors qu'il doit organiser des élections internes.
"Aujourd'hui, 30 janvier 2023, le ministre belge de la Justice, probablement inspiré uniquement par des motifs électoraux, refuse de nous verser le moindre subside. Le retrait de notre reconnaissance est contesté au Conseil d'État", a-t-il affirmé dans une carte blanche notamment adressée à l'agence Belga.
"En outre, le ministre lui-même a confié au Bureau la gestion quotidienne de l'EMB et la coordination de ses tâches. Il est évident que ces tâches ne peuvent être réalisées sans fonds. L'EMB ne peut plus payer aucune facture. Nous risquons d'être expulsés de nos bureaux parce que nous ne pouvons pas payer le loyer", a ajouté M. Üstün.
M. Quickenborne (Open Vld), en charge des Cultes, avait annoncé le 15 septembre dernier avoir retiré la reconnaissance de l'EMB. Depuis octobre 2020, l'organe de représentation du culte islamique en Belgique est dans le viseur du ministre. Un rapport de la Sûreté de l'État avait alors pointé du doigt des ingérences étrangères au sein de cette institution. Parallèlement, sa gestion était mise en cause pour son manque de transparence et sa confiscation par une poignée de membres, de même que la non-tenue d'élections pour le renouvellement de ses instances.
Le ministre a mis par deux fois en demeure l'Exécutif de mettre fin aux manquements constatés.
Dans sa carte blanche, M. Üstün assure qu'au cours de "sa jeune existence", l'EMB - qui n'a été reconnu qu'en 1999 - "a travaillé de manière constructive et respectueuse avec les ministres de la Justice successifs".
"À notre grande surprise, les choses ont changé avec l'actuel ministre de la Justice (M. Van Quickenborne, ndlr). (...) Le vice-président a dû démissionner et des personnes concrètes ont dû être admises à l'EMB. Nous avons dû prendre exemple sur l'organisation au sein des autres cultes. Il est évident qu'il doit y avoir et qu'il y aura des élections pour le renouvellement de l'EMB. Seulement, celles-ci n'ont pas pu être organisées ces deux dernières années en raison du covid-19", poursuit le président de l'Exécutif.
Selon lui, "les musulmans font l'objet d'une discrimination au plus haut niveau en Belgique", car "chaque religion et communauté reconnue en Belgique dispose d'un organe dit représentatif".
"Il n'est pas sérieux de promouvoir la diversité d'un côté et de saboter l'Islam avec dérision de l'autre. L'histoire se répète. Le ministre de la Justice rompt le dialogue avec la communauté musulmane", écrit encore M. Üstün.
Il rappelle encore que "depuis les attentats de Bruxelles et de Paris, la nécessité d'un dialogue permanent entre les différentes religions et philosophies d'une part et les autorités civiles d'autre part est apparue clairement" par la création d'un "Conseil de dialogue".
Ce Conseil a été créé le 20 avril 2016, lors d'une rencontre entre le gouvernement fédéral et les représentants des religions reconnues.
L'EMB souligne qu'il était un membre fondateur de ce conseil, présidé à l'époque par le Premier ministre Charles Michel (MR) et son ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V).
"C'est précisément dans cet organe consultatif constructif, le Conseil du dialogue, que les musulmans ne sont plus les bienvenus aujourd'hui. Alors qu'une présence musulmane est indispensable au bon fonctionnement et à une consultation positive, le ministre de la Justice refuse aujourd'hui d'inviter la communauté musulmane. Nous estimons que cette situation est tellement mauvaise que nous devons maintenant la porter sur la place publique", a conclu M. Üstün.