"Turtles", "Visboeren"...: quelles sont ces familles qui règnent sur la coke à Anvers ?
Explosions, coups de feu, enlèvements, maisons et voitures incendiées, exécutions… De sanglants règlements de compte continuent de tenir la Métropole en haleine.
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Publié le 03-02-2023 à 09h51 - Mis à jour le 03-02-2023 à 13h42
Cocktails molotov, voitures et maisons incendiées, coups de feu, enlèvements, explosions de grenades, exécutions… Les actes de vengeance et autres règlements de compte liés à la “guerre de la coke” se suivent et ne se ressemblent pas à Anvers. Cela fait des années que cela dure… La liste, non exhaustive, des incidents liés au trafic de la coke en région anversoise n’épargne aucune commune : Deurne, Merksem, Borgerhout, Wilrijk, Berchem, Edegem, Hoboken, Rumst, Brasschaat, Ekeren, Borsbeek, Viersel, Schoten, Aartselaar, Zandvliet, Wommelgem…
Ces faits de violence témoignent de l’âpreté de la lutte que se livrent quelques clans actifs dans la Métropole pour le contrôle du marché lucratif de la coke.
Mais qui sont-ils ?
Une poignée de familles d’origine marocaine (la Mocro Maffia) gèrent à elles seules une bonne partie des trafics générés depuis Anvers. Elles le font généralement depuis l’étranger. Parmi ces familles, il y a le clan El B., sous la direction d’Othman El B., l’oncle de la petite fille de 11 ans mortellement touchée par une balle perdue lors d’un règlement de compte. Othman El B. a réussi à fuir la Belgique et réside à Dubaï depuis 11 ans. L’homme a débuté au bas de l’échelle et s’est enrichi comme transporteur de coke. Aujourd’hui, il règne sur un véritable empire immobilier. Son patrimoine est estimé à 100 millions d’euros.
Il y a aussi le clan des “Turtles” constitué autour de la famille El Y. dont le domicile se situe dans le district anversois de Borgerhout. On entend parler de lui une première fois en 2012, lorsqu’un criminel néerlandais (Najib B.), appartenant au clan des “Turtles”, est assassiné sur le parking d’un hôtel à Anvers. Dix ans plus tard, le 15 juillet 2022, à Deurne, une dispute éclate aux abords du domicile de Sulayman El. Y, où la famille a l’habitude de se réunir régulièrement. Au cours de la rixe, un autre criminel néerlandais (Ricardo G.), membre d’un gang des motards et dealer de cocaïne, est tué à bout portant.

On parle également de la famille S., baptisée “De Mixers”. Cinq frères marocains originaires de Berkane et résidant à Borgerhout. Plusieurs membres de la famille des Mixers ont été condamnés à des peines de prison, notamment Aziz S. (condamné à 8 ans) et ses frères Ghalid (6 ans), Abdelkader (5 ans), Karin (8 ans) et Nasreddine, alias Nadori T. (5 ans).
Enfin, il faut mentionner les “Visboeren” (”Marchands de poisson”). C’est le sobriquet donné à trois frères marocains : Mohamed A., Rachid A. et Hassan A. Arrêté et incarcéré en mai 2022, Mohamed A. importait de la coke. Son négoce de poissons servait au blanchiment d’argent provenant de la coke.
Mais le marché de la coke à Anvers n’est pas la Mocro Maffia. Il existe également une filière turque, singulièrement la famille Y. dont la plupart des membres sont originaires de Beytussebap (Anatolie), dans le sud-est de la Turquie. Le clan impressionne par le nombre de ses membres interpellés pour des faits liés au trafic de cocaïne et malversations financières. Il a fait l’objet d’une enquête judiciaire visant une centaine de ses membres (sic) et qui a duré trois ans. Le clan des Albanais et des Serbes sont, eux aussi, actifs à Anvers, même s’ils sont plus discrets.