Tenby, la résurrection de l’armée belge
En septembre, la ville galloise évoquera la renaissance de nos troupes après la capitulation de mai 1940.
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Publié le 06-02-2023 à 12h13
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Le 80e anniversaire de la libération du pays et de la fin de la Seconde Guerre mondiale approche à grands pas. Le cinquantenaire avait encore donné lieu à de solides controverses sur le rôle du gouvernement belge dans la capitulation fin mai 1940. Ne fut-elle pas davantage celle des décideurs politiques que de Léopold III ? Puis, des archives jettent un regard plus complet sur la création des Forces belges libres en Grande-Bretagne.
Leur base ? Tenby, une station balnéaire d’où démarra la reconquête militaire pour épauler l’action de la résistance en Belgique après le Débarquement. Pendant la pandémie de Covid, la ville galloise informa de son souhait d’organiser une commémoration couvrant ce sursaut belge de fin mai 1940 et la reconstruction de notre armée. Avec l’appui de la ministre Sophie Wilmès (MR), alors aux Affaires étrangères, des associations non gouvernementales des trois composantes de la Défense, les paras, les Amis de la Brigade Piron, et moult autres, un “Tenby Memorial Committee” fut créé afin de participer au devoir de mémoire et à la promotion de l’image de la Belgique. Finalement, un week-end de commémoration aura lieu à Tenby les 23 et 24 septembre prochains. Vendredi, au Musée L à Louvain-la-Neuve a eu lieu une intéressante journée d’études en histoire militaire et publique sur la création de l’armée belge de libération sous la houlette du Pr Geneviève Warland (UCLouvain) et du président du TMC, Christian Houtart, et ce, avec l’appui de Cédric du Monceau, le fils d’Yves qui fit partie de cette aventure glorieuse…
Un camp de regroupement des forces belges
L’occasion pour des historiens et chercheurs d’horizons divers (CegeSoma, WHI, universités, etc.) de souligner le rôle de deux hommes très déterminés, l’ambassadeur à Londres, Emile de Cartier et le général Victor van Strydonck de Burckel qui, dès le 25 mai, décidèrent de créer un camp de regroupement des forces belges – et donc pas après l’appel du 18 juin du général de Gaulle… Mais l’idée eut du mal à s’imposer au sein du gouvernement, à commencer chez le Premier ministre Hubert Pierlot qui changea plusieurs fois d’avis puis chez ses collègues qui, comme lui, mirent du temps à mettre le cap sur Londres. Des tergiversations bien éclairées par van Strydonck. Un doctorant de l’UNamur, Mathias André, sur la base d’une analyse du texte de la capitulation, a montré qu’on aurait pu continuer les combats à partir des forces belges disponibles hors du territoire, voire se replier sur l’Yser comme en 1914. Et de citer Francis Balace qui constata que nos troupes avaient été forcées de sortir de la guerre et ne purent plus y rentrer…
Alain Colignon (Cegesoma), avec le sens brillant de la synthèse qu’on lui connaît, expliqua que si l’on improvisa d’abord, avec des jeunes officiers, Tenby avait permis de passer d’un nationalisme désespéré à un patriotisme apaisé et réconcilié dans une sorte de nouveau civisme… Et surtout à l’entrée en scène de plus de 5 000 libérateurs de tous ordres (Brigade Piron, RAF, paras commandos) là où à la base, ils étaient quelques centaines… Et ce, autour de ministres indécis, tergiversant avant de récupérer la mise…