Une jeune fille sur deux a déjà reçu une photo sexuellement explicite envoyée via internet
Une enquête commandée par Sarah Schlitz montre l’ampleur du phénomène chez les jeunes âgés de 15 et 25 ans, qui sont nés à l’ère digitale. Les résultats sont publiés ce 7 février, journée d’action pour un internet plus sûr.
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Publié le 07-02-2023 à 06h51 - Mis à jour le 07-02-2023 à 11h08
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Recevoir des images sexuellement explicites alors qu’on n’a rien demandé et qu’on n’y consent pas ? Le phénomène est très courant. Les jeunes nés après Internet (les digital native) sont particulièrement confrontés à ces “dick pics”, abréviation de picture, qui veut dire “image” en anglais et de dick, mot vulgaire pour désigner un pénis en érection, envoyées par internet. Par extension, ce terme désigne toute photo à caractère sexuel.
À l’occasion de la journée d’action pour un internet plus sûr (Safer Internet Day) menée chaque 7 février depuis 2004, la secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Sarah Schlitz (Ecolo) publie ce mardi une étude qu’elle a commandée pour mesurer l’ampleur du phénomène chez les jeunes de 15 à 25 ans.
Les résultats de l’enquête menée par deux chercheurs de l’Université d’Anvers auprès de 1 819 jeunes de cette tranche d’âge, qui ont toujours vécu avec Internet, sont édifiants. Ainsi, 37 % des jeunes interrogés déclarent avoir déjà reçu une “dick pic”, un pourcentage nettement plus élevé chez les filles (51 %) que chez les garçons (23 %) et 62 % d’entre elles n’y avaient pas consenti.
Les répondants ne s’identifiant pas comme hétérosexuels (homosexuels, bisexuels etc.) sont également davantage visés : 60 % d’entre eux ont déjà reçu des images à caractère sexuel, contre 35 % des jeunes s’identifiant comme hétérosexuels.
Séduire, harceler ou intimider
Comment réagit-on en recevant ce type d’images sans l’avoir demandé ? On ressent majoritairement de l’embarras et de la colère, les filles se déclarant, plus fréquemment que les garçons, “furieuses”.
Autre indication : près de la moitié des jeunes qui ont reçu ce type d’images ne connaissaient pas le destinateur – c’est, ici encore, plus souvent le cas pour les répondantes féminines. Ces photos sont envoyées par des personnes avec qui les jeunes sont en contact via les médias sociaux mais pas dans la vraie vie. Les jeunes hommes sont plus susceptibles d’identifier l’expéditeur de la “dickpic” dans le monde hors ligne : un entraîneur de sport, un membre de la famille, un patron ou un collègue de travail.
Lorsque des jeunes envoient ce type d’images, ils ou elles le font principalement pour obtenir des images à caractère sexuel en retour et pour “séduire” le destinataire. Mais une proportion importante des répondants avoue avoir une intention malveillante en envoyant ce type d’images : 23 % ont déclaré l’avoir fait dans le but de harceler ou d’intimider le ou la destinataire.
Dès l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal sexuel, l’envoi de “dick pics” sera punissable.