Les proxénètes de mineures agissent comme des vautours : leurs méthodes sont redoutables
Les jeunes filles, en situation précaire, ne sont pas dénichées par hasard. Les criminels les ciblent, les approchent et leur promettent monts et merveilles avant de les livrer à la prostitution.
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Publié le 11-02-2023 à 07h29 - Mis à jour le 11-02-2023 à 07h31
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Les adolescentes ne tombent jamais par hasard entre les griffes des proxénètes. Parce que ceux-ci ciblent leurs victimes en déployant de redoutables stratégies pour entraîner les jeunes filles en situation précaire vers la prostitution.
Si les proxénètes recrutent désormais aussi leurs proies sur les réseaux sociaux (sur des applications comme TikTok ou Snapchat) et poussent leurs victimes à entraîner des copines dans la prostitution, ils continuent à rôder, “en vrai”, sur le terrain, aux abords des institutions de protection de la jeunesse où des adolescentes sont placées, dans les gares fréquentées par les jeunes en fugue, à proximité des écoles et dans certains endroits où les élèves qui brossent ont l’habitude de traîner.
Les victimes sont véritablement dénichées par les proxénètes d’adolescentes, qui adoptent les techniques des rapaces, décrit l’étude exploratoire de Child Focus sur le phénomène à Bruxelles. Comme des vautours, ils visent des cibles spécifiques, les encerclent et tournoient pour repérer la jeune fille vulnérable, potentielle victime (c’est le processus de hawking). Vient alors le grooming : l’approche de ces filles en difficulté passagère et peu sûres d’elles-mêmes. Cette phase est décrite comme “une invasion émotionnelle et matérielle”. Avec des tactiques multiples visant à les accrocher : petites attentions, amour feint, cadeaux coûteux et faveurs en tous genres… Si l’approche se fait via Internet, ce grooming peut aller très vite et se réduire à quelques jours.
De faux “loverboys”
La phase d’attachement, progressive, arrive dans la foulée : les proxénètes préparent mentalement les filles à l’exploitation sexuelle ou à d’autres formes de criminalité. Cette phase implique la tromperie (sur de prétendues sommes faramineuses à gagner) et le chantage émotionnel (menaces d’abandon, de retour dans la famille ou dans le home). Ces criminels visent à isoler ces adolescentes de leur entourage. Ils prennent le pouvoir sur elles en jouant sur les sentiments amoureux. Ces jeunes filles aux antécédents familiaux compliqués et sans réseau social solide sont logiquement tentées de se raccrocher à ces faux loverboys prometteurs de beaux jours. Piégées, elles subissent parfois aussi des pressions, de la violence physique ou des viols. Avant la phase d’exploitation proprement dite dans la prostitution, dont elles ont beaucoup de mal à s’échapper.