Où sont passées les piqûres sauvages en boîte de nuit ? Un an après, la thèse de "l’hystérie collective" privilégiée
Aucun suspect n'a jamais été arrêté et aucune seringue retrouvée malgré les nombreuses plaintes. Le criminologue Michael Dantinne privilégie la thèse bien connue en criminologie de l’induction psychologique pour expliquer le phénomène des seringues hypodermiques en milieu festif. Explications.
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Publié le 25-03-2023 à 09h13 - Mis à jour le 25-03-2023 à 09h14
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Il y a un an, les témoignages faisant état de piqûres sauvages administrées à des victimes en milieu festif affluaient. Les symptômes allaient des vertiges aux évanouissements en passant par des vomissements. La problématique a été prise au sérieux par les autorités et des mesures spécifiques ont été prises dans les boîtes de nuit et festivals sans qu’aucun cas n’ait pourtant été avéré.
Mais depuis quelques mois, plus aucune plainte n’a été enregistrée par les services de police. "Nous avons eu plusieurs signalements l’année passée mais depuis plusieurs mois, nous n’avons plus rien", explique un porte-parole de la zone de police Bruxelles Capitale Ixelles. "Il y a eu un fort emballement médiatique mais sans que les faits ne soient concrets ou avérés."
Même son de cloche du côté du parquet de Bruxelles. "À ce jour, aucun dossier judiciaire n’a abouti à des résultats. Aucun auteur n’a pu être identifié et aucune substance n’a pu être détectée parmi les échantillons analysés", explique Martin François, porte-parole du parquet de Bruxelles.
Le phénomène avait vu le jour en Grande-Bretagne avant de se propager en France et en Belgique. Dans les faits, aucun suspect n’a jamais été arrêté. Les analyses toxicologiques n’ont jamais rien démontré et aucune seringue n’a jamais été retrouvée dans les endroits festifs. Sur base de ce constat, le criminologue Michael Dantinne privilégie "la thèse bien connue en criminologie de la psycho-induction" pour expliquer le phénomène des piqûres en milieu festif.
"Dans l’hypothèse dominante, il y a vraisemblablement eu deux comportements", explique-t-il. "Le premier, c’est que des gens ont effectivement été piqués sans qu’aucune substance n’a été administrée. Ils ont alors développé des effets de manière psycho-induite. C’est comme lorsque l’on mange un produit périmé depuis plusieurs jours et l’on se rend compte, après coup, que c’est périmé. Peut-être que vous allez être malade, non pas car le produit est impropre à la consommation mais car on a vu que c’était périmé. C’est un phénomène de psycho-induction. En parallèle, il y a également des gens qui n’ont pas été piqués mais qui pensent l’avoir été et ont développé des symptômes."
Dès lors, quel serait l’intérêt de piquer des personnes sans injecter de produit ? Pour répondre à cette question, le criminologue s’appuie sur le comportement d’imitation qui conduirait à une sorte "d’hystérie collective" et de "validation et valorisation au sein de son groupe d’amis."
"Des personnes ont été piquées par des gens mal intentionnés qui savaient très bien qu’ils n’allaient rien injecter mais qui savaient qu’il y avait une sorte de 'tendance' dans la société."
"Des personnes ont été piquées par des gens mal intentionnés qui savaient très bien qu’ils n’allaient rien injecter mais qui savaient qu’il y avait une sorte de 'tendance' dans la société. Ils ont alors voulu l’alimenter. Il s’agit d’une sorte de comportement d’imitation de ce qu’on a vu ou entendu, de ce que certains vous racontent, et on va le reproduire car on trouve cela amusant. Cela permet d’être valorisé socialement par un groupe d’amis, à l’instar de ceux qui vont saccager un abri bus ou une cabine téléphonique. Il s’agit d’une dynamique que l’on retrouve dans plein de comportements sur lesquels les criminologues sont amenés à se pencher", conclut-il.