Tout plaquer et vivre clandestinement en mode "into the wild" ? C’est possible en Belgique grâce au droit de disparaître
Chaque année, en moyenne, cinq personnes usent de leur droit à l'oubli en Belgique. Explications.
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- Publié le 13-04-2023 à 09h30
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Trop de pression au boulot, un mariage malheureux, une remise en question de sa vie, soif de liberté, etc. Les raisons qui peuvent pousser des personnes à disparaître dans la nature sont innombrables. Ce droit est universel et n’importe qui peut, sauf obligation civile, décider de tout plaquer du jour au lendemain pour refaire sa vie de manière clandestine sans faire l’objet d’un avis de recherche par la police.
Le cas le plus emblématique de disparition volontaire s’est déroulé en 2014 lorsque Ralf Bouffioux, la veille de ses 26 ans, avait choisi de disparaître en se faisant passer pour mort pendant une année, avant de rentrer chez lui le jour de la fête des mères. Il avait brûlé sa voiture dans un bois et avait scénarisé sa disparition pour vivre en mode “into the wild”. Le jeune homme était mal dans sa peau et s’était mis à sillonner l’Europe pour retrouver le goût de vivre.

Ce droit ne concerne toutefois pas toute la population. “Les mineurs n’ont par exemple pas le droit de disparaître tant qu’ils n’ont pas 18 ans car ils vivent sous tutelle soit de leurs parents, d’un juge ou d’une institution”, explique David Rimaux, commissaire au sein de la cellule des personnes disparues de la police fédérale. “En revanche, les majeurs ont le droit de faire ce qu’ils veulent de leur vie d’un point de vue pénal.”
"Les mineurs n’ont pas le droit de disparaître tant qu’ils n’ont pas 18 ans"
Quelqu’un ne sera ainsi jamais condamné s’il a décidé de tout plaquer et refaire sa vie mais, d’un point de vie civil, la situation est différente. “Quelqu’un qui est marié et qui a des enfants a des obligations à leur encontre et ne peut pas les laisser dans l’embarras. Un juge du tribunal de la famille va vous condamner à payer une pension et vous serez tenu de respecter ce devoir car on ne peut pas laisser son conjoint ou son enfant sans ressources. Vous n’irez pas en prison mais vous devrez rembourser des dommages au niveau moral”, poursuit David Rimaux. “En revanche, professionnellement, cela ne pose pas de problème. La personne sera simplement licenciée.”
Le droit de disparaître est universel mais ne concerne bien évidemment pas les personnes endettées ou qui fuient une condamnation. “Dans ce cas, la personne veut échapper à sa peine et il s’agit dès lors d’une escroquerie. Si vous êtes créancier et que vous avez des dettes de partout, alors vous devez répondre de vos actes devant la justice”, ajoute-t-il. “Ce droit ne concerne pas non plus les personnes qui souffrent d’un handicap et qui ont des problèmes d’autonomie ou des tendances suicidaires.”
Cinq cas de “droit à l’oubli” sont enregistrés en moyenne chaque année
Enfin, pour échapper aux radars, il convient de vivre une vie “digne d’un fugitif”. Chaque année, l’on enregistre environ cinq disparitions de ce type en Belgique. “Ce n’est pas une qualité de vie géniale car cela veut dire qu’il faut vivre dans la clandestinité. Il faut avoir le courage de laisser son argent sur son compte sans y toucher, de se couper totalement des réseaux sociaux, d’internet, de tout contact pour éviter d’être retrouvé. Les familles peuvent toutefois faire appel à des détectives privés pour retrouver les proches qui ont fait ce choix de vie”, conclut David Rimaux.