Les personnes analphabètes, larguées dans la société hyper digitalisée, réclament des guichets "avec des vrais humains"
La campagne 2023 du mouvement Lire et Ecrire prend la forme d'une tournée. Les apprenants proposent un spectacle qui raconte, avec humour, leurs déboires au quotidien.
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Publié le 23-05-2023 à 12h48
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Déjà en délicatesse avec les chiffres et les lettres, les personnes analphabètes sont complètement larguées dans la société hyper digitalisée. Cela fait quatre ans que Lire et Ecrire, le mouvement associatif belge francophone qui se bat pour le droit à l'alphabétisation pour tous, réclame qu'on tienne compte de la réalité des publics qu'elle rencontre au quotidien. En vain. Pour tenter de se faire entendre, l'association part en tournée pour sa campagne 2023. Les apprenant(e)s des différentes régionales raconteront dans un spectacle monté avec des comédiens du Tof Théâtre les dérives de la société du tout-au-clic qui les ignore et les rejette. Dans "Numérique, mon amour...", les analphabètes décrivent, avec humour, comment ils perdent leurs droits ou renoncent à les obtenir.
On estime qu'en Belgique francophone, un adulte sur dix a des difficultés de lecture et d'écriture. Si on y ajoute les personnes plus âgées, pas à l'aise derrière un clavier, et les tranches plus précarisées de la population, qui n'ont pas un accès facile aux ordinateurs, on gonfle encore les rangs des oubliés du numérique.
Après une première campagne sur ce thème, en 2020, Lire et Ecrire a chaque fois retapé sur le clou les années suivantes.
Sans obtenir d'avancées suffisamment importantes. Pour tous ces citoyens, laissés sur le bord du chemin digital, la situation est intenable. Comme les usages du numérique sont largement liés à une maitrise de l'écrit, ces publics sont durement impactés par les transformations numériques qui renforcent les inégalités sociales.
Dans la pratique, certaines alternatives existent, mais elles sont presque inaccessibles: rares guichets, ouverts quelques heures par semaine, sur rendez-vous (à prendre en ligne!) ou des lignes téléphoniques totalement saturées, avec des attentes au bout du fil qui coûtent bonbon.
Ce qui manque doit être rétabli, réclame Lire et Ecrire: des guichets ouverts, avec des vraies personnes pour accompagner le public, ou des permanences téléphoniques qui ne sont pas des robots.