Entre “soulagement” et “chantage honteux”, les réactions contrastées à la libération d’Olivier Vandecasteele
Le retour en Belgique d’Olivier Vandecasteele a suscité l’émoi de la classe politique alors que, d’autre part, certains s’inquiètent de la libération du terroriste Assadolah Assadi.
Publié le 26-05-2023 à 20h38 - Mis à jour le 26-05-2023 à 22h26
Les responsables politiques n’auront pas attendu que l’avion transportant Olivier Vandecasteele se pose sur le tarmac de l’aéroport militaire de Melsbroek pour partager leurs sentiments face à la libération du travailleur humanitaire belge. Les commentaires pleuvaient, tout au long de la journée de vendredi, félicitant, pour certains, la décision du gouvernement belge ; mais émettant, pour d’autres, des réserves et des avis critiques quant à la libération d’Assadolah Assadi, condition sine qua non à un retour du ressortissant belge.
Peter De Roover (N-VA) appelle le gouvernement à suspendre sans délai le traité d’extradition signé avec la République islamique et estime que l’heure n’est pas à l’euphorie, vu les circonstances de cette remise en liberté.
Sur Twitter, les membres du gouvernement et les responsables politiques de la majorité ont unanimement salué la nouvelle et exprimé leur soulagement. “Nous avons fait ce qui était juste”, a estimé la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), ajoutant : “Beaucoup de courage à Olivier Vandecasteele, ses amis et sa famille. Et merci à tous ceux qui ont collaboré à cette libération, dans le plus grand professionnalisme”. De son côté, le ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet (Écolo), a également communiqué sur les réseaux sociaux : “C’était un devoir et, avec le gouvernement fédéral, nous avons pris nos responsabilités pour faire libérer un innocent. Et c’est un soulagement aussi”. Tandis que la ministre des Pensions, Karine Lalieux (PS), évoquait, quant à elle “une nouvelle fantastique”.
De son côté, l’opposition, et notamment la N-VA, a accueilli l’annonce avec des sentiments partagés. Si le chef de groupe à la Chambre, Peter De Roover, s’est félicité de la libération d’Olivier Vandecasteele, il redoute à présent que les autres Belges encore en Iran puissent vivre la même mésaventure. Le député appelle, en conséquence, le gouvernement à suspendre sans délai le traité d’extradition signé avec la République islamique et estime que l’heure n’est pas à l’euphorie, vu les circonstances de cette remise en liberté. Il déplore la libération d’Assadolah Assadi, un diplomate iranien condamné à 20 ans de prison pour avoir planifié un attentat terroriste à Villepinte (France), en 2018.
Une libération dont s’indigne le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), principale force d’opposition au régime du président Ebrahim Raïssi, qui parle d’une “concession honteuse au chantage au terrorisme et à la prise d’otages, en violation flagrante de la décision de justice.” Le CNRI regrette, d’une part, que les victimes d’Assadollah Assadi n’aient pas pu faire valoir leurs droits devant la Justice avant la libération du terroriste, comme la Cour constitutionnelle l’avait décidé ; et, d’autre part, qu’aucune information n’ait été transmise au Parlement au sujet des négociations.
Une procédure jugée inacceptable par Ingrid Betancourt, partie civile du procès d’Assadollah Assadi en tant que victime du projet d’attentat déjoué. La politicienne franco-colombienne se dit “soulagée” pour la famille de l’humanitaire mais surtout “choquée et profondément consternée d’observer une violation aussi évidente de l’État de droit dans un pays démocratique comme la Belgique.”
Selon elle, le gouvernement fédéral porterait l’entière responsabilité des crimes qui pourraient résulter de la libération d’Assadi et entend bien “examiner toutes les options disponibles pour obtenir justice, que ce soit en Belgique ou devant la Cour européenne des droits de l’homme.”