La durée illimitée du droit aux allocations n’est pas un moteur du chômage structurel, qui “ne disparaîtra probablement jamais complètement”
Une étude historique de l’Onem, de 1945 à nos jours, vient éclairer la question polémique des chômeurs de longue durée.
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- Publié le 30-05-2023 à 17h02
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La durée illimitée du droit aux allocations de chômage n’est pas un moteur du chômage structurel, conclut une étude de l’Office national de l’Emploi (Onem) publiée mardi. L’étude tombe à point. Ces derniers temps, plusieurs responsables politiques ont plaidé pour fixer une durée maximale au droit aux allocations de chômage.
L’étude de l’Onem se base sur des données historiques, depuis la création de la sécurité sociale, relatives à la durée de chômage. Elle pointe tout d’abord le fait qu’il s’est passé trente ans entre l’établissement du droit illimité dans le temps aux allocations de chômage (en 1945) et la première forte augmentation du nombre de chômeurs de moyenne et de longue durée.
Depuis près de 75 ans, les décideurs politiques ont cependant développé des moyens visant à éviter que les chômeurs ne deviennent des chômeurs de longue durée. “Malgré les nombreuses mesures mises en œuvre, constate l’Onem, on n’a pas pu empêcher qu’un groupe de chômeurs, initialement très restreint, ne deviennent des chômeurs structurels. Un concours de circonstances semble être à l’origine de l’augmentation dans les années 1970” (accroissement de la population, extension du droit aux jeunes et aux femmes, crise pétrolière et récession des années 1980).
Une fatalité ?
Alors que la situation économique s’améliorait dans les années 1990, note l’Onem, le chômage de longue durée a continué à augmenter sous l’influence de deux régimes particuliers, à savoir la prépension (désormais RCC) et les chômeurs dispensés en raison de leur âge ou de leur passé professionnel. Le déclin final du chômage de longue durée résulte, entre autres, de modifications apportées à ces régimes, de l’introduction du système de titres-services et du vieillissement de la population, faisant qu’un plus grand nombre de chômeurs sont sortis vers la pension.
L’Onem souligne par ailleurs que l’évolution du nombre de chômeurs de courte durée est toujours fortement corrélative au contexte économique, alors que le groupe des chômeurs de moyenne et de longue durée est moins sensible à la conjoncture. Cela s’explique en partie par le fait qu’ils se trouvent souvent dans les régimes avec une dispense comme demandeur d’emploi ou parce qu’ils sont en majorité des chômeurs âgés, toujours plus difficiles à réintégrer sur le marché de l’emploi.
Les baisses actuelles des chiffres du chômage signifient-elles que la fin du chômage structurel est en vue ? “Nous ne pouvons pas l’affirmer, conclut Nathalie Nuyts, auteur de l’étude. Les chiffres des Golden Sixties montrent que le chômage structurel ne disparaîtra probablement jamais complètement. Bien que le niveau global du chômage ait été beaucoup plus bas à cette époque, il y avait proportionnellement à peu près le même nombre de chômeurs de longue durée (plus d’un an) qu’aujourd’hui. Même dans les meilleures conditions économiques, il y a aujourd’hui des demandeurs d’emploi qui ont plus de mal à retrouver un emploi.”