Libération d'Olivier Vandecasteele : de larges zones d’ombre persistent après le retour de l'humanitaire belge
Le gouvernement a contourné le traité de transfèrement. "C’était un dilemme très difficile", selon le Premier ministre.
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- Publié le 30-05-2023 à 06h39
Pourquoi le gouvernement a-t-il recouru à l’article 167 de la Constitution, plutôt que la procédure fondée sur le traité de transfèrement, dans le cadre de la libération d’Iran de l’otage belge Olivier Vandecasteele en échange du diplomate iranien condamné en Belgique pour terrorisme, Assadolah Assadi ? Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) s’en est expliqué dimanche, sur RTL-TVi, au départ des 20 kilomètres de Bruxelles.
Incarcéré dans des conditions inhumaines pendant 455 jours, l'humanitaire belge "était vraiment dans un état (de santé) difficile et on savait qu'il n'y avait plus beaucoup de patience de l'autre côté", a-t-il justifié. Utiliser la procédure de transfèrement aurait créé "du danger pour Olivier, car on aurait eu besoin de semaines de débat", selon le chef de l'équipe Vivaldi (MR, Open VLD, PS, Vooruit, CD&V, Ecolo et Groen).
Mais alors, pourquoi ne pas avoir décidé plus tôt d'activer l'article 167 (qui confie à l'exécutif la conduite des relations extérieures de la Belgique) pour sortir Assadi de sa cellule et le transférer en échange de Vandecasteele ? "On voulait suivre une procédure parlementaire, le faire dans le cadre de la loi et de manière démocratique. Le débat au Parlement n'a pas été évident, mais il y avait une majorité pour utiliser cet accord de transfèrement."
Cette voie, transparente et conforme à l'État de droit, aurait cependant encore pris de longs mois. En validant ce dispositif, la Cour constitutionnelle avait imposé, dans son arrêt, qu'une décision de transfèrement d'Assadi soit au préalable signifiée à l'opposition iranienne en exil (CNRI, visée par le projet d'attentat à Villepinte, en France), partie civile dans le dossier. Celle-ci aurait de fait entamé des recours pour éviter le rapatriement du diplomate iranien.
"Personne ne m’a expliqué comment…"
"C'est un dilemme très très très difficile, mais à moment donné, je me suis fait mon opinion : on n'abandonne pas un Belge, un innocent. J'ai entendu beaucoup de gens dire 'il faut libérer Olivier', mais personne ne m'a expliqué comment", a ajouté Alexander De Croo. Il a assuré n'avoir pas de regret, "mais on fera l'analyse dans les semaines et mois à venir".
De nombreuses zones d’ombre entourent encore l’opération baptisée Blackstone. Passé le soulagement d’avoir récupéré l’otage, le gouvernement sera sans aucun doute soumis à un feu roulant de questions à la Chambre. D’autant qu’après les efforts déployés par l’équipe De Croo pour obtenir la libération d’Olivier Vandecasteele d’Iran, les proches d’autres Belges détenus à l’étranger se rappellent au bon souvenir de l’exécutif.
Les parents de Tanguy Taller, un Brugeois emprisonné au Cambodge depuis quatre ans, appellent ainsi à l’aide. Ils clament l’innocence de leur fils condamné à la prison à vie pour trafic de drogues, au terme d’un simulacre de procès. Il vit les mêmes conditions de détention dégradantes qu’Olivier Vandecasteele, affirment-ils encore. Un dossier parmi 450 à 500 autres de Belges incarcérés à l’étranger qui sont actuellement gérés par les Affaires étrangères, selon un décompte du SPF Justice.