Mission réussie pour les quarante victimes d’attentats terroristes à l’assaut du Col du Grand Colombier: "Un sentiment indescriptible"
Un jour avant le passage des coureurs, La Libre a gravi le col du Grand Colombier (17,4 km à 7,1 %) en compagnie de 40 victimes d’attentats terroristes dans le cadre de la troisième édition de Together Stronger. Récit d’une journée remplie d’exploits et d’émotions.
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- Publié le 13-07-2023 à 22h22
- Mis à jour le 13-07-2023 à 22h33
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"Continuez à me pousser, je veux aller jusqu’au bout !", s’époumone Hassan, qui a perdu l’usage de ses jambes suite à une attaque terroriste en Finlande en 2017 et dont la batterie de son "handbike" a lâché peu avant la fin du col du Grand Colombier.
Au sommet, l’émotion des participants était palpable et pour cause, l’effort de plus de quatre heures consenti pour arriver à bout de ces 17,4 kilomètres de ce col hors catégorie était époustouflant. Les quarante victimes d’attentats terroristes issues de 11 pays différents sont parvenues à franchir, ensemble, la ligne d’arrivée dans le cadre de l’événement Together Stronger organisé par V-Europe avec, cerise sur le gâteau, une reprise de Heroes de David Bowie au piano par Ozark Henry.
Lors de la montée infernale de ce col hors catégorie avec des passages allant jusqu’à 14 %, les victimes originaires de Belgique, d’Allemagne, d’Argentine, des États-Unis ou d’Inde ont pu compter sur les encouragements des nombreux supporters amassés le long de la route en vue du passage des coureurs du tour de France ce vendredi.
"Il s’agit de la troisième édition de cet événement qui vise à rassembler les victimes directes et indirectes d’attentats terroristes du monde entier", explique Marion Van Reeth, victime de l’attentat de Manhattan en octobre 2017 au cours duquel elle a été amputée de ses deux jambes et épouse de l’un des fondateurs du projet, Aristide Melissas. "C’est un sentiment de joie intense d’avoir pu réaliser cet exploit à l’aide d’un handbike, accompagnée et soutenue par l’ensemble des victimes et du staff. Ce fut très dur mais l’ascension a été réalisée dans une ambiance incroyable et une solidarité inouïe."
Parmi les participantes, l’on retrouve Karen Northshield, une des survivantes des attentats des Bruxelles qui a subi plus de soixante opérations et a été plongée durant quatre mois dans le coma. Les médecins lui donnaient zéro chance de survie mais sept ans plus tard, elle est parvenue à gravir le Grand Colombier après avoir participé aux deux premières éditions organisées au Mont Ventoux et à l’Alpe d’Huez.
"Ma vie de tous les jours ressemble à une succession d’obstacles à franchir."
"Il y a un côté très symbolique à gravir un tel col", explique cette ancienne championne de natation âgée de 38 ans. "Ma vie de tous les jours ressemble à une succession d’obstacles à franchir. Ce qui m’a permis de réussir ce défi, c’est tant le soutien des autres victimes que de celui de ma famille sur qui j’ai toujours pu compter. C’est avant tout pour mes parents et mes huit frères et sœurs que j’ai réalisé ce challenge. Je pense également aux personnes qui ont disparu et à celles qui surmontent des traumatismes au quotidien pour retrouver un semblant de vie normale.”
Les participants ont fait preuve d’une persévérance inouïe, à l’image de l’un des parrains de l’événement, Marc Herremans, champion du monde d’Ironman en 2006 et devenu triathlète handisport suite à une chute dans un ravin à Lanzarote en 2002. Cet athlète de 49 ans a ainsi gravi les 17,4 kilomètres à l’aide d’un handbike… sans assistance électrique. Une prouesse saluée par tous les supporters le long de la montée et qui force le respect.
"Mieux que mes victoires à Roubaix et au tour des Flandres"
L’autre parrain, l’ancien champion du monde de cyclisme Johan Museeuw, ne cachait pas son émotion à l’issue de l’ascension. “Cette aventure est, pour moi, mieux que mes victoires à Paris-Roubaix et au tour des Flandres. Le message délivré est extrêmement puissant. Le fait de se battre tous ensemble en regardant dans la même direction, en repensant aux proches disparus avec tous les mauvais souvenirs qui ressurgissent, c’est quelque chose d’indescriptible”, explique “le Lion des Flandres”, proche de l’amputation en 1998 suite à une chute lors de Paris-Roubaix et qui est malgré tout parvenu à remporter l’édition 2000.
Un défi immense d’organiser un tel événement en même temps que le Tour de France
Il tient également à souligner l’organisation de cet événement en plein Tour de France. "Je suis content pour moi, pour les victimes et toute l’organisation. On parle quand même du plus grand événement sportif du monde et monter le Grand Colombier un jour avant les coureurs professionnels, c’est un défi immense qui a été relevé."
Ce vendredi, les participants de Together Stronger assisteront au départ de l’étape du Tour de France dont l’arrivée est jugée au Col du Grand Colombier. Une commémoration en hommage aux victimes de l’attentat de Nice est également prévue.