”Des signes convictionnels, oui, des lieux de prières, non”: l’ULB met les choses au clair avec ses étudiants
L’université libre de Bruxelles a réagi, mardi, aux rassemblements de prières dénoncés par une militante laïque, et qui ont lieu sur son campus. La question concerne d'autres établissements.
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- Publié le 29-08-2023 à 19h59
- Mis à jour le 30-08-2023 à 09h20
La militante laïque, Nadia Geerts, s’est indignée lundi, dans une opinion publiée sur le site de La Libre, de l’existence d’une salle de prière clandestine au cœur même de l’Université libre de Bruxelles (ULB). En réaction aux remous provoqués par sa publication, l’ULB a pris position ce mardi.
La rectrice, Annemie Schaus, et le président de son conseil d’administration, Pierre Gurdjian, ont adressé une mise au point à l’ensemble de leurs étudiants. “Certains membres de notre communauté universitaire se sont émus d’apprendre qu’il existait des rassemblements de prières sur nos campus, écrivent-ils. Il nous paraît dès lors essentiel de vous informer de notre attitude en la matière.”
Ils commencent par rappeler que “l’ULB constitue un espace de liberté, une université ouverte, où plus d’un tiers de la communauté universitaire vient de l’étranger, une université respectueuse aussi de la diversité. La liberté d’expression et d’opinion, la liberté de conscience et la liberté de religion ou de conviction y sont respectées de manière forte et engagée”. Et de préciser que “ce respect se marque notamment par la tolérance de l’institution à l’égard des signes convictionnels ou politiques portés par les étudiantes et les étudiants, pour autant qu’ils ne soient pas attentatoires à la loi”. Tout ne sera néanmoins pas autorisé.
Existe depuis huit ans
”Dans le respect de la liberté individuelle, poursuivent-ils, notre université ne peut pour autant pas accéder à toutes les demandes qui lui seraient faites d’aménager ses espaces, ses horaires de cours ou son mode de fonctionnement général en fonction des contraintes à caractère privé des uns et des autres. Les demandes d’installation de lieux de prières, de culte ou de recueillement ne sont et ne seront dès lors pas acceptées par les autorités de l’Université.”
Pour rappel, Nadia Geerts dénonçait le fait que, “depuis au moins huit ans, des dizaines d’étudiants se réunissent chaque jour pour prier. Les hommes d’abord, les femmes ensuite. Tellement assurés de n’être pas dérangés qu’ils ont entreposé là des caisses de matériel : des vêtements pour les femmes, des tapis, des fiches plastifiées à emprunter, reprenant des invocations à réciter, parmi lesquelles celle qui rappelle à ces étudiants musulmans qu' 'Il n’y a pas de divinité en dehors d’Allah, en Lui rendant un culte pur en dépit des mécréants'”.
”Certes, des étudiants se rassemblent et nous le savons”
Le rectorat, sollicité mardi matin par La Libre pour réagir à cette sortie, a transmis un texte de Jean-Philippe Schreiber, le conseiller de la rectrice à la politique institutionnelle. “Certes, des étudiants se rassemblent régulièrement pour prier çà et là de manière sauvage, nous le savons, reconnaît-il. Depuis quelques années, considérant que le phénomène était discret et marginal, nous n’entendions pas opérer en notre sein une police des convictions. Depuis quelque temps, et en particulier depuis cet été, le phénomène s’est amplifié, entravant l’exercice de nos activités pédagogique.” Interrogée sur la signification de cette fin de phrase, la rectrice Annemie Schaus assure que cela ne veut seulement dire que ces rassemblements religieux gênent le passage.
Jean-Philippe Schreiber précise encore que la question des salles de prières “agite actuellement quantité d’établissements d’enseignement supérieur en Europe. Ce n’est pas le cas de l’ULB, qui entend consacrer ses espaces à l’étude et à la recherche, non à d’autres fonctions, mais une majorité des autres établissements organisent des lieux de culte pour leurs étudiants, afin de répondre à la demande de certains d’entre eux.”
Une mosquée à Louvain-la-Neuve
La situation varie en effet d’une institution universitaire à l’autre. À l’UCLouvain, plusieurs cultes disposent d’un lieu où les fidèles peuvent se rendre. On compte, à Louvain-la-Neuve, pas moins de 12 chapelles catholiques, trois églises protestantes, une chapelle orthodoxe, un centre laïque, une communauté anglicane, deux lieux interreligieux et une mosquée. Ces lieux n’appartiennent pas à l’Université, mais celle-ci a parfois facilité leur mise en place. Pour la mosquée par exemple, l’université a cédé la parcelle de terrain où elle est installée. “L’UCLouvain a une attention pour que ses étudiants et son personnel puissent exprimer leur sensibilité religieuse”, précise l’institution.
À l’ULiège, aucun lieu de prière n’est installé sur le campus ou dans les bâtiments de l’université. L’ULiège reconnaît avoir déjà constaté des personnes isolées qui priaient au sein de l’université. “Dans ce cas, il leur est demandé d’arrêter, cela se passe bien”, indique le service communication.