L’organisation d’un festival célébrant les liens entre l’Afrique et la Belgique mise à mal à cause du refus de visa de quatre danseurs
Aux yeux de l’Office des Étrangers, la venue de ces artistes congolais et rwandais présente un risque migratoire. L’affaire pourrait prendre une tournure politique.
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- Publié le 29-08-2023 à 19h08
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C’est la douche froide pour les organisateurs du Détours Festival à Bruxelles. Quatre artistes qui figuraient dans la programmation de cet évènement consacré à la danse se sont vus refuser l’octroi de leur visa, document nécessaire pour entrer sur le territoire belge. Deux d’entre eux (Winnie Ange Wibabara et Zulfath Umujawimana) sont originaires du Rwanda, et les deux autres (Souzy Lukoo et Nicolas Yanece) du Congo. “Ces quatre artistes ont tous reçu une décision négative à leur demande, alors que le dossier était bétonné ! Notre festival est un évènement reconnu qui compte par exemple la Ville de Bruxelles parmi ses partenaires ! Mais l’Office des étrangers estime que les quatre artistes ne démontraient pas assez de liens avec leur pays d’origine”, regrette Milan Emmanuel, directeur du festival.
S’ils ne peuvent pas venir, cela met non seulement à mal la tenue de notre festival mais aussi l’ouverture de la saison du Théâtre national
L’obtention d’un visa, même touristique et pour une courte durer comme dans ce cas-ci, fait l’objet d’une analyse de l’Office des étrangers. Les demandeurs doivent prouver une attache au pays d’origine (un contrat de travail, un bien immobilier, de la famille, par exemple) afin de s’assurer que l’accès au territoire dans le cadre d’un évènement n’est pas un prétexte pour arriver en Belgique et y rester. “Il y a quelque chose d’absurde”, s’étonne le directeur du festival. “Nous parlons de jeunes artistes, forcément ils n’ont pas de contrat de travail, ce ne sont pas des fonctionnaires ! Et ils sont jeunes, ils sont célibataires, ils viennent en Belgique dans un cadre bien précis”, argue encore Milan Emmanuel, qui entend remuer ciel et terre pour tenter de faire infléchir l’administration. S’ils ne peuvent pas venir, cela met non seulement à mal la tenue de notre festival mais aussi l’ouverture de la saison du Théâtre national (une institution, largement subsidiée, qui se veut la vitrine des arts du spectacle en Fédération Wallonie-Bruxelles, NdlR).” Un paradoxe pour un festival qui entend jeter des ponts entre la Belgique, le Congo et le Rwanda, et qui compte sur de nombreux partenaires institutionnels reconnus.
Le vol déjà prévu
L’Office des étrangers précise que ce genre de décisions intervient régulièrement et que, à chaque fois, elles résultent d’une analyse individuelle. “Il n’y a pas de refus systématique. Nos services procèdent à chaque fois à une évaluation des attaches familiales, économiques et sociales dans le pays d’origine. Mais il y a des précédents. Au cours des dernières années, nous avons eu plusieurs cas d’artistes issus du Congo ou du Rwanda invités dans le cadre d’activité artistique qui disparaissent dans la nature. Récemment encore, quatre sportifs rwandais ont disparu alors qu’ils participaient à un tournoi”, précise la porte-parole de l’administration.
”Le vol d’arrivé était prévu le 8 septembre ! Le temps presse !”, s’exclame encore Milan Emmanuel, qui entend alerter la ministre de la Culture francophone.