"On doit manger notre repas de midi en travaillant dans des conditions inadmissibles pour un métier d’une pénibilité assez lourde"
La surpopulation croissante dans les prisons impacte le bien-être des agents pénitentiaires qui réclament des renforts depuis des années. “Nous arrivons à un point de rupture”, selon Christophe, gardien pénitentiaire à Mons.
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- Publié le 30-08-2023 à 14h37
- Mis à jour le 30-08-2023 à 14h40
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La surpopulation croissante dans les prisons a des conséquences néfastes sur le bien-être des gardiens de prison qui attendent depuis des années des renforts. “Les recrues arrivent mais de manière beaucoup trop lente tandis que le nombre de détenus ne cesse d’augmenter”, fustige Christophe Wachel, gardien à la prison de Mons depuis 20 ans et délégué CSC.
Résultat, les agressions à leur encontre se multiplient et bon nombre d’agents pénitentiaires craignent pour leur vie en allant travailler. “Les cellules font neuf mètres carrés. Dans les années 70, il y avait un détenu par cellule mais ensuite, les peines ont commencé à être plus lourdes, les tribunaux plus sévères, et la surpopulation a pris de l’ampleur. Désormais, on retrouve parfois trois détenus dans une cellule avec une seule toilette, sans parler de l’état d’insalubrité et de l’odeur qui s’en dégage étant donné que la ventilation des cellules est parfois inexistante”, détaille-t-il.
La prison de Mons est l’une des plus surpeuplée du pays et la gestion quotidienne est catastrophique. “Nous arrivons à un point de rupture. Lorsqu’un détenu est seul dans sa cellule, il vit sa détention de manière généralement calme et cela ne pose pas de problème, mais quand ils se retrouvent à deux ou à trois, il arrive qu’il y ait des bagarres et les agents doivent alors intervenir. Il faut ensuite trouver des solutions de mutations mais on ne peut pas mettre un détenu avec n’importe qui. Cela impacte notre charge de travail au niveau de l’ouverture des portes, la distribution des repas, la fouille des cellules qui prend un temps dingue. L’agent sert de tampon entre les différents services externes, la direction, le service psychosocial et malheureusement, ça part souvent en vrille”, déplore-t-il.
À l’époque, un agent pénitentiaire devait gérer une aile de 25 détenus mais aujourd’hui, le nombre de détenus a quasi doublé. “C’est donc une double charge de travail avec deux fois plus de douches à donner, des repas, des problèmes à résoudre. Il y a dix ans, les détenus étaient plus compréhensifs, mais maintenant, ils estiment avoir des droits mais pas de devoirs. Nous ne sommes plus respectés sur le lieu de travail et notre bien-être est complètement bafoué. Preuve de cette situation, on doit manger notre repas de midi en travaillant dans des conditions inadmissibles pour un métier d’une pénibilité assez lourde. On attend du politique d’avoir plus de respect à notre égard et ce n’est pas la tolérance zéro prônée par le ministre Van Quickenborne qui va contribuer à améliorer notre situation”, conclut Christophe Wachel.