"Les pro Evras nous appellent 'le fléau de l’ordre sexuel'. On nous prend pour des ignorants, c’est faux"
Les organisateurs du rassemblement laissent une semaine aux autorités politiques pour changer d’avis. “Sinon, nous vous donnons rendez-vous au tribunal”, ont-ils avancé lors d’un rassemblement contre l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.
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- Publié le 17-09-2023 à 18h39
- Mis à jour le 17-09-2023 à 18h42
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”Voici Gabriel, Marie, et le petit que j’allaite, c’est Vincent”, présentent Hélène et son mari, installés dans le métro en direction de la Gare centrale de Bruxelles. Ils se rendent, en famille, au rassemblement organisé au pied du Mont des Arts, pour s’opposer à l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (dite Evras). “Les écoles avaient toute ma confiance. Mais ce contrat de confiance a été cassé à partir du moment où on veut laisser des inconnus parler à nos enfants de sexe, sans aucun filtre. Si aujourd’hui on se laisse faire, demain nous perdrons tout”, martèle Hélène, avant de rejoindre la foule de près de 2000 personnes selon la police.
Saloua dénonce, elle, une “hypersexualisation de la société que les écoles ne devraient pas favoriser. On n’arrête pas de dire que tout ça se fait dans l’intérêt des enfants. Quel est l’intérêt de leur expliquer qu’il est possible de changer de sexe ou d’orientation sexuelle ? Quel est l’intérêt de leur dire qu’avoir un corps de fille ne signifie pas qu’on n’a pas le droit d’être un garçon ? Je refuse de laisser faire sans rien dire.” Et d’ajouter : “Une maman, ça n’abandonne pas son enfant”.
Christophe abonde dans le même sens, ajoutant que “les papas ne sont pas d’accord non plus. (Car) les intérêts qui sont défendus, ce sont ceux des fanatiques de la cause LGBT”.

”Décret de l’enfer”
C’est sur la place de l’Albertine que s’expriment les organisateurs du rassemblement. Parmi eux, Radya Oulebsir. Cette jeune Française qui vit à Bruxelles depuis 23 ans se présente comme une “militante musulmane et engagée pour la protection des enfants”.
Dans son discours chaleureusement applaudi, elle s’attaque à un “décret de l’enfer”, celui permettant à l’Evras d’exister. “Ne soyez pas violents, ne brûlez pas des écoles, c’est le décret qu’il faut brûler, dit-elle. Les pro Evras nous appellent “le fléau de l’ordre sexuel”. On nous prend pour des ignorants, c’est faux. Moi, je m’intéresse à la question depuis 2014 et je peux vous dire que le fascisme est entré dans nos écoles. On leur apprend la pédophilie, la perversion. Beaucoup d’organisations agissent depuis des années pour retirer les enfants à leurs parents. Sans concertation, il y a d’abord eu l’abaissement de la majorité sexuelle, puis la dépénalisation de l’IVG. Aujourd’hui, on pleure pour les droits des animaux – et c’est très bien – mais on ne pleure pas pour les droits d’un fœtus. Je demande du respect à “Ni pute ni soumise”, au CAL qui ont une culture de la mort, et à tous ces lobbys laïcards et LGBT”.
Radya Oulebsir en veut également à la ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS) et, plus largement, au “gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles (qui) se substitue aux directions d’écoles”. Elle promet au politique qu’il sera sanctionné par les citoyens au moment des élections. “Vous avez une semaine pour changer tout ça. Sans réaction de votre part, nous vous donnons rendez-vous au tribunal.”

Convergence
Marian, maman d’une fille de 8 ans, applaudit. Puis fond en larmes. “Au début, je n’avais pas peur, mais lorsque j’ai entendu un pédopsychiatre s’exprimer au nom de sa profession et dire qu’il y avait des risques que nos enfants soient perturbés, j’ai eu peur. Il faut vérifier, mais il paraît qu’au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, on voit déjà les effets de choses comme Evras, explique-t-elle, émue.
Un autre intervenant se prépare pour un discours. Il remercie la foule et salue la diversité d’opinions qu’il y retrouve. “Je suis catholique, mais peu importe. Catholiques, musulmans, agnostiques, laïcs : soyons unis pour nos enfants. Ne soyez pas manipulés par les autres, ce sont eux, les intégristes. Et ayez conscience que les médias nous mentent, ils nous méprisent”.
Celui qui vient d’exprimer ces quelques mots, c’est Alain Escada, président de Civitas, mouvement politique national catholique, considéré proche de l’extrême-droite. En France, le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs annoncé avoir lancé une procédure de dissolution de l’organisation, après des propos antisémites tenus lors de l’université d’été du mouvement. Interrogé sur sa présence face à une foule aussi cosmopolite, Alain Escada répond être avant tout présent “pour protéger l’avenir. Et l’avenir, c’est nos enfants”.
Lorsque Mounia et Marie-Hélène, venues de Liège pour participer au rassemblement, apprennent qui est Alain Escada, elles semblent gênées. “Ce qui nous préoccupe, c’est la perversité des programmes éducatifs qu’on veut imposer”, répondent-elles, manifestement ennuyées d’avoir applaudi une personne “contraire à leurs principes”. Elles insistent : elles n’en savaient rien. Sans doute comme beaucoup des quelque 2000 autres personnes présentes.
