À Anvers, la fronde croissante du secteur culturel inquiète
Ce sont surtout les jeunes artistes qui sont touchés par de nouvelles coupes budgétaires.
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- Publié le 21-10-2022 à 12h48
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Un épais brouillard enveloppe le secteur de la culture en Flandre. En ces temps troublés de morosité ambiante, l'heure est aux économies. Mais les villes ne sont pas épargnées non plus dans cette course effrénée. À Anvers, les jeunes artistes viennent d'en faire les frais. Plus de 200 étudiants et une poignée de Bekende Vlamingen du secteur culturel ont manifesté leur mécontentement suite à la décision de l'échevine de la Culture Nabilla Ait Daoud (N-VA) de sabrer dans les budgets de la Ville. Pendant trois années d'affilée, les subventions aux jeunes créateurs seront diminuées de 720 000 euros par an.
Coup de tonnerre
Pour une ville reconnue pour la beauté de son patrimoine culturel et qui se distingue par l’innovation de sa création contemporaine, c’est un coup dur. Anvers n’hésite donc pas à hypothéquer ce qui constitue son patrimoine de demain. La fronde a gagné l’espace public et les étudiants peuvent compter sur de grands noms de la culture en Flandre.
L’actrice Els Dottermans dénonce le fait que l’on retire le patrimoine artistique qui appartient aux générations futures. La comédienne précise que les subventions sont nécessaires pour faire grandir les jeunes pousses. Cela n’a donc aucun sens de sabrer de la sorte dans les budgets des projets culturels pendant trois ans.
L'écrivain Tom Lanoye a tenu à manifester sa sympathie aux étudiants. Pour lui, les jeunes artistes sont "au bord de l'asphyxie avant même qu'ils ne démarrent dans la vie professionnelle". L'auteur estime que l'art, ce n'est pas "se faire prendre en photo à côté d'un tableau de Rubens, une coupe de champagne à la main".
Le comédien Jan Decleir a dénoncé le fait que l'échevine Nabilla Ait Daoud n'ait pas concerté le secteur avant de prendre sa décision. Il lui a conseillé de revoir sa copie. L'écrivain Jeroen Olyslaegers lui aussi renonce à sa mission d'ouvrir le Schrijversbal, le premier Bal des écrivains qui s'ouvre fin octobre dans la ville du maître imprimeur Christophe Plantin.
L'échevine a répondu que la Ville d'Anvers consacre 25 millions par an à des projets culturels et que "la décision est portée par l'ensemble du collège échevinal". Récemment, elle n'avait pas hésité à censurer le poème de la stadsdichter Ruth Lasters dénonçant la catégorisation A et B des élèves dans le secondaire.
Budgets du secteur privé
La décision de la Ville d'Anvers contraste fort avec les moyens mis en œuvre par le secteur privé pour promouvoir des initiatives culturelles à l'étranger. "Avec les coupes budgétaires dans la culture en Flandre, je ne sais pas si cela aurait encore été possible là-bas. La culture est importante pour l'avenir de chaque communauté", a déclaré Fernand Huts, le patron de l'entreprise de logistique Katoennatie lors de l'inauguration de l'exposition consacrée à l'art flamand du XVe au XVIIe siècle aux États-Unis. Organisée par sa fondation The Phoebus Foundation à Denver (Colorado), l'exposition Saint, Sinners, Lovers and Fools : 300 Years of Flemish Masterworks propose 140 chefs-d'œuvre flamands (jusqu'au 22 janvier) dont certains n'ont encore jamais été exposés.