”Willow” : Disney + a mijoté une mauvaise soupe
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Publié le 30-11-2022 à 10h33
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Un royaume partagé entre plusieurs couronnes. Une enceinte de protection à ses frontières. Une reine qui entend des voix. Le “plus grand sorcier de tous les temps” qui a une vision. Une sourde menace (”Les Gales arrivent” comme l’hiver chez d’autres). De sanguinaires orques mutilés. Une entité maléfique aux pouvoirs magiques. Une princesse oubliée. La quête ? Une mission risquée vers la sombre contrée de Galador dont le seul nom suffit à faire trembler. On en passe…
Un peu plus de deux mois après les come-back des sagas de l’Anneau et du Trône de Fer, Willow, la nouvelle mini-série Disney recycle tout l’éventail de l’heroic fantasy déjà présent dans le film éponyme de Ron Howard en 1988.
Présenté comme une tentative par Lucas “de réinventer, pour un public enfantin, un certain nombre de situations mythologiques bien connues”, le film pompait (pas toujours discrètement) Le Seigneur des Anneaux.
Willow mettait en scène un héros improbable (Warwick Davis), issu d’un peuple de petite taille, les insignifiants Nelwyns. Avec l’aide d’un malfrat fanfaron, Madmartigan (Val Kilmer), Willow sauvait le bébé Elora, dont il était prédit qu’elle renverserait la sorcière maléfique Bavworda.

Trop complexe et trop enfantin
Malgré un budget conséquent, un tournage dans les décors vierges de Nouvelle-Zélande (déjà) et des effets spéciaux pionniers (dont les premiers morphings en images numériques), Willow fut un relatif échec en 1988. Suffisant pour couper court à toute velléité de suite.
Le film était trop en avance sur son temps ou, comme le résuma un critique de l’époque, “trop complexe pour les jeunes enfants et trop enfantin pour les amateurs d’heroic fantasy”. Celle-ci attendrait encore une quinzaine d’années et Peter Jackson pour son premier grand succès planétaire au cinéma.
Aujourd’hui on en consomme à toutes les sauces du streaming, chaque plateforme cherchant sa rentable franchise. HBO a Game of Thrones. Amazon Prime s’est offert la licence Tolkien et ses anneaux de pouvoir. Netflix a The Witcher. Disney a puisé dans son vaste panier et exhumé Willow, donc.

En famille
On reste en famille : Warwick Davis rempile, Joanne Whalley aussi (la reine Sorsha). Elora revient aussi, mais sous les traits d’une actrice adulte (on ne spoile rien...). Seul manque à l’appel Val Kilmer, trop malade désormais pour jouer les héros. Son Madmartigan est remplacé par Boorman (Amer Chadha-Patel) pas moins fanfaron.
Au scénario et à la production, l’héritage est assuré. Jonathan Kasdan est le fils de Lawrence, scénariste lucassien de L’Empire contre-attaque, du Retour de Jedi, du Réveil de la Force, de Solo, du premier Indiana Jones (son fiston va réaliser le cinquième).
Mais la famille radote. Elle reproduit les tropes des productions Lucas d’antan, qu’on croyait aux oubliettes : accents et américanisme des acteurs, décalés dans une fantasy généralement plus littéraires, amourettes d'ados, humour de collégien,… Sans parler des petites laines de Dove, sorties d’une boutique de mode. Elles traversent monts et vaux sans accroc (fait-elle du tricot entre deux bagarres avec la baguette magique de Willow ?).

Structure répétitive
La structure répétitive des épisodes lasse, malgré les moyens déployés. Chaque épisode est prétexte à une épreuve et une initiation. Kit (Ruby Cruz) et Jade (Erin Kellyman) se prennent le chou. Graydon (Tony Revolori) devient plus courageux. La bien nommée Dove (Colombe, en français) apaise les tensions. Boorman sauve la mise. Willow pérore et initie...
La série pâtit du même défaut que le film, sans choisir sa cible entre petits et grands. Arrivant après tout le monde, Willow n’innove plus, rendant patente sa dimension de copie. Des scènes ont été vues ailleurs (le coup de bâton magique qui provoque un tsunami d’énergie, la forêt interdite). Certains idées sont risibles (la baguette lance-flammes de Willow…).
La nostalgie sauvera ce qu'elle peut chez ceux qui ont découvert le film enfant ou jeune adolescent. Mais le jeune public d’aujourd’hui a déjà vu d’autres Stranger Things ne sera guère dupe. Pour une fois, la vieille marmite n'a pas permis de réchauffer la soupe.
Willow. Heroic Fantasy. Développement : Jonathan Kasdan et Wendy Mericle. Avec Warwick Davis, Ruby Cruz, Erin Kellyman, Ellie Bamber, Amer Chadha-Patel,... Huit épisodes de 45 à 60 minutes à partir du 30/11 (1 épisode par semaine). Sur Disney+
