Yellowstraps, soul bruxelloise

Yvan Murenzi poursuit l'aventure seul, et en profite pour laisser toute la place au chant, aux sentiments, à cette "néo-soul" qu'il aime tant.

Cela paraît tout proche, et pourtant, c'était il y a sept ans, en juillet 2016 exactement. À l'époque, tout pointe vers une ville : Bruxelles, qui tutoie les sommets de la planète rap francophone. Composé collégialement par Roméo Elvis, Le Motel, et Caballero&JeanJass, le morceau "Bruxelles Arrive" incarne cette hype en empilant les écoutes et les vues par millions sur le Net. Damso, lui, vient tout juste de sortir Batterie Faible et s'empare brutalement du trône chez nous comme dans l'Hexagone.

Alban et Yvan Murenzi sont déjà copains avec tout ce petit monde depuis quelques années. Les frères de Yellowstraps ont sorti Mellow, produit par Le Motel, et fricotent avec Roméo. Mais leur rythme de croissance est différent. Les frangins ne sont pas de tous les festivals, ils ne foulent pas les grandes scènes soir après soir. Plusieurs EP sortent, mais la fratrie prend le temps de se forger une expérience. "Je nous ai toujours vus et je nous vois encore maintenant comme des outsiders", commente Yvan, 30 ans. "C'était incroyable de fréquenter cette bande et ces artistes, mais on a pris un autre créneau". Il chante, en anglais, la logique est forcément différente.

Dès 2014, pourtant, Yellowstraps est remarqué en Flandre grâce à l'omniprésent LEFTO qui les programme dans son émission de radio sur Studio Brussel. Un an plus tôt, les frangins bricolaient encore des morceaux dans leur chambre. Yvan au chant, Alban au son. "On a commencé comme un hobby", se souvient Yvan, "on enregistrait tout sur nos ordis. On allait voir beaucoup de concerts à l'époque, et je m'entends encore me dire 'ah, imagine si un jour on pouvait jouer au Botanique'".

Trois EP sortent dans la foulée, et tout décolle en 2019 lorsque la chaîne YouTube berlinoise COLORS accueille Yellowstraps dans une de ses sessions en ligne. "Là, on a senti qu'on pouvait aller plus loin". Un long EP de 8 titres - Goldress - sort dans la foulée, toute une tournée européenne est programmée. Et PAF, le Covid fait son entrée. "C'était douloureux, j'avoue", reconnaît Yvan. "Mais paradoxalement, ça a eu un effet hyper positif. On a lancé le Yellockdown Project, une série de morceaux collaboratifs à boucler en 24h".

Les frérots s'éclatent, invitent des pointures ou des découvertes venues de tout le pays (Blackwave, Primero, Swing…) et bossent dans la foulée sur un premier album en long format : Tentacle, qui sort ce vendredi 27 janvier. En perte de sensations, Alban quitte le navire, Yvan poursuit seul, et en profite pour laisser toute la place au chant, aux sentiments, à cette "néo-soul" qu'il aime tant. "Au début, c'était forcément déstabilisant", explique-t-il. "Mais, au final, ça m'a permis de faire quelque chose qui vient de moi à 100 pc. Construire des chansons plus académiques, mettre la voix et la mélodie en avant." Il y a du King Krule et du James Blake dans cette musicalité lancinante. Yvan se raconte, s'assume, et devrait - cette fois - enfin pouvoir aller le montrer à toute l'Europe.

Tentacle ** Yellowstraps Néo soul, rap, R&B Universal, sortie ce vendredi 27 janvier

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