L'opération comm' réussie de Vuitton : Pharrell Williams, de la musique à la mode
Le nouveau D.A. chez Vuitton Homme va faire autant parler de lui que de la marque. Opération comm' réussie pour LVMH.
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Publié le 15-02-2023 à 17h17
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Pharrell Williams est nommé directeur artistique chez Louis Vuitton Homme, en remplacement du très aimé Virgil Abloh, disparu en novembre 2021 d’un cancer secret. Et si, pour la collection de janvier dernier, on avait dépêché vite fait le blondinet Colm Dillane pour dessiner la collection masculine de LV, on savait que des noms circulaient pour trouver à chausser les pompes de Abloh (Olivier Roustaing, le successful de chez Balmain ?). Soyons clairs, Abloh faisait presque autant parler de lui que les fringues qu’il dessinait pour le malletier depuis 2019.
La surprise de l’annonce, hier, de Pharrell Williams à ce poste, est réelle et, à la fois, la décision est on ne peut plus habile. Après Virgil, “première personnalité noire à entrer chez LVMH, une victoire politique” selon le journaliste spécialiste du monde de la mode, Loïc Prigent, on comprend qu’il fallait trouver un nom qui claque. Et arrive Pharrell, avec son grand chapeau, et son succès mondial en bandoulière.

Musicalement, Pharrell Williams a longtemps œuvré dans l’ombre. En 1992, il forme un duo de producteurs avec son ami d’enfance, Chad Hugo. Baptisée The Neptunes, la paire demeure inconnue du grand public, mais produit ou écrit pour des superstars de la pop comme Justin Timberlake, Britney Spears, Madonna, et plus récemment, Shakira ou le rappeur français Orelsan. En 1999, les Neptunes embarquent un troisième larron pour former le groupe N.E.R.D., qui sort cinq albums à succès. On pense Pharrell rassasié, mais le chanteur, compositeur, producteur, auteur, et danseur se lance en solo. Il sort deux albums, dont un tube planétaire (”Happy”, en 2014) et fait une apparition sur le titre “Get Lucky”, qui marque le grand retour de Daft Punk en 2013.
Autant vous dire que son carnet d’adresses est relativement bien fourni. On vous avait dit qu’il avait aussi trois Grammies ?… Mais le bonhomme fraye bien au-delà du monde de la musique. Depuis longtemps, il a ses entrées dans la mode. A déjà signé des collab’s avec Vuitton. Lui-même directeur artistique de deux labels mode, le premier, Bathing Ape, – du vêtement un poil régressif, destiné au Japon –, et un label américain, Billionaire Boys Club, qui fait dans le bling recouvert des messages en police de caractère “Bold”. Williams est le bon choix pour Louis Vuitton, qui, d’ailleurs, le vole, sans se gêner, à Chanel qui en avait fait une icône de la marque rajeunie, quand Karl Lagerfeld tenait encore la boutique. Au premier rang des défilés couture chez Chanel, le rappeur black savait arborer avec une classe folle des vestes en tweed rose (!) et des lunettes de soleil cerclées de perles. En faisant ce choix à la D.A. mode de Vuitton, LVMH, premier groupe de luxe mondial, rappelle qu’il peut se payer les people plus talentueux, les plus populaires, les plus vendeurs, Williams a 14,3 millions de followers sur Insta – moins qu’Obama certes, mais attirant pour le faiseur de luxe qui doit vendre ses colifichets.
Pharrell est francophile. A déjà travaillé avec le chef français Jean Imbert – qui lui a confié ses menus à designer pour le Plazza Athénée. Et tout ça tombe très bien, il va s’installer à Paris ces jours-ci. Première collection attendue à la Fashion Week masculine, en juin prochain.