"Si je ne suis pas une fille, alors je suis un garçon !"
Jean-François Breuer s’approprie magistralement "Les garçons et Guillaume, à table !".
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Publié le 21-03-2023 à 19h07
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"Elle est géniale, ma mère. Elle n'a aucun défaut, ma mère, assure, émerveillé, Guillaume. Sauf, tempère-t-il, d'être de mauvaise humeur depuis 35 ans… Depuis ma naissance, en fait."
Né dans une fratrie de garçons, Guillaume est persuadé, depuis qu'il est enfant, d'être une fille. Et ce pour plaire à sa mère, pour qu'elle ait la fille qu'elle n'a jamais eue. Alors, il a appris à l'imiter, sa mère. Au point de parvenir à gruger son entourage rien qu'au son de sa voix. Mais "le seul qui ne se fait pas prendre, c'est mon père. Il ne veut pas que je sois une fille. […] Il veut absolument que je fasse des trucs de garçons". Pourtant, le jour où son père le confond vraiment avec sa propre femme, Guillaume jubile. Il vante sa victoire auprès de sa mère, mais elle lui inflige un sévère camouflet : "Ma mère reste de mauvaise humeur." Alors, pour gagner cet amour maternel, Guillaume opère une nouvelle stratégie : imiter d'autres filles, en s'inspirant d'autres femmes qu'il aime. Rien n'y fait non plus. Sa mère, tout comme la société, ne le voit pas comme une fille, mais comme un homosexuel. Mais lui, non. "Alors, si je ne suis pas une fille, je suis un garçon !" réalise-t-il. Et le coming-out de s'inverser.
Ses propres fêlures
Créée à Paris en 2008, avant de devenir un immense succès au cinéma en 2013, la pièce, autobiographique, Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne rayonne, aujourd'hui, sous un jour nouveau grâce à Jean-François Breuer, épaulé à la mise en scène par Patrice Mincke. Et, de fait, vous n'assisterez pas à une réplique, au risque qu'elle soit bancale, de Gallienne. Pour cause ! Jean-François Breuer s'imprègne magistralement des mots du sociétaire de la Comédie-Française, en y insufflant sa propre sensibilité, ses propres fêlures et son grain de folie bien à lui. Jouissif !
Pendant 1 h 20, il embarque le public dans un récit de vie aussi tendre et drôle qu’éprouvant et cruel. De l’Espagne et ses sevillanas à l’Angleterre et son pensionnat pour garçons, en passant par la Bavière et ses cures de thalasso, Jean-François Breuer voyage dans le temps et l’espace, racontant les (més)aventures de Guillaume pour se mouler dans un genre qui n’est pas le sien, mais dont il s’amuse à brouiller les frontières. Une paire de lunettes, une perruque, une couverture ceinturée en jupe longue, un chapeau d’été fuchsia ou encore une bouche pincée…, Jean-François Breuer campe avec aisance et brio une galerie de personnages féminins (la mère de Guillaume, sa grand-mère, ses tantes…), tous plus truculents les uns que les autres.
Pour symboliser ces péripéties et cette quête d'identité, le comédien est entouré, sur scène, de valises (lesquelles se font aussi l'assise d'un très beau décor, original, pensé par Anne Guilleray) qu'il trimbale, ouvre et ferme comme pour se délester du poids d'un passé devenu trop encombrant. Et, enfin, s'assumer tel qu'il est : un homme qui aime passionnément les femmes, mais pour qui "être viril, c'est vraiment très difficile".
Le 24 mars au Centre culturel de Rixensart, le 25 mars au Centre culturel de Waterloo, le 29 mars au Centre culturel de Marche, les 30 et 31 mars à la Vénerie à Bruxelles, le 3 avril aux Riches-Claires à Bruxelles, les 6 et 7 avril au Centre culturel de Waremme, le 14 avril au Centre culturel de Braine-l'Alleud, le 15 avril à la Ferme d'Embourg à Chaudfontaine, le 22 avril au Foyer culturel de Jupille . Infos et réservations sur : www.livediffusion.com