Benny Sings: “Je me suis rebellé en proposant une musique ensoleillée”
Relativement confidentiel en Europe, l'artiste néerlandais séduit à l’international et s’entoure de pointures sur son nouvel album.
Publié le 26-03-2023 à 15h39
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À première vue, Benny sings semble venu tout droit de Californie. L'artiste s’entoure de musiciens américains, tourne aux quatre coins du globe, a d'ores et déjà été adoubé par des références locales comme Anderson .Paak, John Mayer ou Frank Ocean, et propose une pop fondamentalement ensoleillée et décontractée. Peut-être est-ce encore sa tignasse blonde ou son allure de surfeur. Toujours est-il que l'on se trompe : Tim van Berkestijn, comme il se nomme à la ville, vient de Dordrecht, aux Pays-Bas, loin des good vibrations du Golden State. Ce qui n'empêche pas ses chansons d'avoir des allures de bande-son idéale pour long périple entre San Francisco et Los Angeles.
Son nouvel album, Young Hearts, comme ses anciennes productions, s’inscrit pleinement dans l’esthétique du "Yacht Rock". Né sur la Côte Ouest dans les années 70, porté par des artistes comme Steely Dan, Toto ou Daryl Hall & John Oates, ce style particulier mêle soft-rock, rythmes dynamiques, voix enjouées et productions lustrées, auxquelles on reproche parfois d'être trop kitsch, trop douces ou trop simplette. Des préconceptions auxquelles a également dû faire face Benny Sings au début de sa carrière, lancée il y a déjà vingt ans.
La contre-culture de la bonne humeur
Au début des années 2000, les adolescents de Dordrecht écoutent essentiellement du grunge. “Tout le monde était déprimé. Je me rebellais contre ça en proposant une musique ensoleillée et en étant heureux”, assure-t-il aujourd'hui. Pop et légères, ses chansons créent une sorte de contre-culture. Benny Sings l'assume, il a toujours cherché à rendre sa musique la plus accessible possible. “J’ai toujours eu l’objectif de proposer le Snickers de la musique, quelque chose que tout le monde aime, s’amuse-t-il. Même si tu es un chef, tu peux apprécier une barre chocolatée avec du caramel fondant et des cacahuètes”.
Pendant 15 ans, l’auteur-compositeur peine toutefois à se faire un nom. Ses albums plaisent davantage à l’international que dans son propre pays, mais, là aussi, cela reste limité. Il songe un temps à mettre un terme à sa carrière solo pour se concentrer sur l’écriture qu'il propose à d’autres artistes. “Je me demandais ce que j’étais en train de faire de ma vie car personne n’écoutait ma musique. Je ne me sentais pas comme un musicien. ” Tout change, selon lui, il y a cinq ans, lorsque les musiques dites "douces" connaissent un réel essor, notamment aux États-Unis, où se trouve la majeure partie de ses auditeurs. “Ce qui était considéré comme en marge est devenu mainstream. Ma musique a enfin été perçue comme de la bonne musique, plutôt que d’être vue comme trop lisse. ”
Le choix de l’ambition
Benny Sings sort un premier tube, “Big Brown Eyes” en 2011, avant de signer sur un label indépendant basé à Los Angeles (Stones Throw Records) huit ans plus tard. Il sort ensuite l'album Music (2021), sur lequel il invite l’une des figures de l’indie-rock, Mac DeMarco. “Je dois commencer à me considérer comme un musicien maintenant. C’est parfois compliqué de se voir autrement que comme un gamin, soutient-il encore. Je dois également m’habituer à ce changement de statut, l’influence, les responsabilités.” Sa récente collaboration avec le très demandé producteur américain Kenny Beats (Ed Sheeran, Vince Staples, IDLES, slowthai…) sur ce dernier album confirme cette nouvelle position.
Juste avant leur rencontre, "je peux faire de toi une très grande star” lui écrivait Kenny Beats dans un message privé envoyé via Instagram. “Il assume de le dire sans modestie. Mais il le pense vraiment”, confie le Néerlandais. À 45 ans, et après huit albums, l’artiste ose enfin voir les choses en grand avec Young Hearts. Pour la première fois, il a enregistré en studio, s’est entouré de plusieurs musiciens et a délégué la production. “Je me suis retrouvé à un carrefour. Soit je revenais avec un album fait comme avant, c’est-à-dire moi tout seul, soit je faisais le grand saut et le choix de l’ambition. ”

Sonorités bossa-nova sur “Pyjamas” en duo avec la chanteuse Remi Wolf, ballade dans le style de Paul McCartney pour “Love Will Find A Way”, Benny Sings a élargi sa palette musicale tout en conservant son groove et ses inspirations 70’s. Mais pour ses prochains disques, ce père de famille envisage plutôt de retourner écrire chez lui, à Amsterdam, au calme, pour profiter du luxe de pouvoir prendre le temps.