Dan San : “Être un groupe nous démarque des autres”

Sept ans après son dernier album, la formation pop-folk liégeoise fait son retour avec “Grand Salon”.

Dan San, le groupe originaire de Liège revient avec un troisième album, Grand Salon.
Le groupe originaire de Liège revient avec un troisième album, Grand Salon. ©Gilles Dewalque

En épluchant les programmations des festivals, le constat est frappant : les artistes solos occupent une grande majorité de l’affiche. Les groupes, eux, se montrent plus discrets. Une observation que partage Dan San, formation indie composée de six membres originaires de Liège. “Je regardais l’autre jour la programmation des Francofolies de Spa, on a l’une des seules photos de presse avec plusieurs personnes. Je trouve ça super, ça nous démarque très fort des autres”, se réjouit Jérôme Magnée, chanteur et guitariste du groupe. Le sextet fait son grand retour ce vendredi avec Grand Salon. Un troisième album publié sept ans après le remarqué Shelter.

Pendant cette petite décennie, la scène musicale a évolué, les codes ont changé. Né il y a déjà 17 ans, Dan San continue cependant de défendre le modèle de groupe, qui se raréfie aujourd’hui. La preuve, la bande ne parvient plus à trouver un van neuf places pour leur prochaine tournée, comme c’était le cas à l’époque. Pour autant, pas question de changer de format ou de réduire le nombre de musiciens pour mieux s’adapter aux tendances actuelles. “Le fait que l’on soit à six, c’est vraiment notre personnalité. Si on enlève le violon de Dan San, ça dénature le groupe”, affirme Thomas Médard, également chanteur et guitariste.

Avec une batterie, un violon, une basse, des claviers et des guitares, le sextet dénote donc dans un milieu où de plus en plus d’artistes se présentent seuls sur scène. Ce que regrette Jérôme Magnée : “Quand je vais à des concerts, j’ai envie de voir des musiciens, des instruments. La musique, ce n’est pas que le son. Il y a une dimension humaine. C’est une expérience magique d’être à plusieurs sur scène. Il y a quand même un truc un peu fou d’être à six et de réussir à s’aligner pour faire de la musique ensemble.” Pour son compère Thomas, une personne seule chantant par-dessus une bande peut tout de même réussir à “mettre le feu”. Mais il reconnaît, toutefois, que cela “peut faire du bien de retrouver des formations qui jouent tout.”

Entre compromis et partage

Être en groupe demande toutefois des concessions, notamment financières. Plus il y a de personnes, au plus il faut se partager le cachet. Les deux compositeurs et fondateurs l’avouent, ils n’auraient pas pu se permettre d’être plus que deux au début de Dan San. “On a joué dans plein de petits bars et clubs. Puis, on a été trois, puis quatre. On a fait ce chemin-là. Maintenant, on peut se permettre de faire des concerts en gagnant notre vie et en étant six. Mais on n’aurait pas eu les moyens de commencer à autant.”

Quand on travaille en groupe, il faut également se montrer prêts à faire des compromis. Des compromis largement compensés par un partage d’idées, de compétences, de connaissances. “Le disque ne serait pas ce qu’il est sans les quatre autres membres. Ils ont un regard plus extérieur sur les chansons”, assure Jérôme Magnée. Sur le côté, les six musiciens s’affairent dans plusieurs projets individuels. Leticia Collet avec Condore, Maxime Lhuissier avec Pale Grey, Thomas Médard avec The Feather… “Ces projets solos nous permettent de lâcher prise dans Dan San. Ils nourrissent notre personnalité et nous permettent de ne pas avoir de frustrations”, reconnaissent les deux auteurs-compositeurs du groupe.

Se laisser aller

Il y a deux ans, la bande met sur pause les autres collaborations pour revenir à Dan San. Ils se retrouvent à La Frette, studio mythique près de Paris où sont passés les Arctic Monkeys, Feist et Nick Cave. On y trouve du matériel des années 70, des enregistreurs à bandes, des cabines Leslie… Des outils qui donnent une certaine couleur au disque. Le titre “Hard Days Are Gone” se veut, d’ailleurs, comme un hommage à John Lennon.

Avec cet album, les représentants de la folk belge se laissent aller musicalement (avec même un peu d’électro sur “No One In The House”), abordent des sujets plus personnels (la dépression, la maladie, l’amour). Une manière de se renouveler et de rester pertinent après s'être montré silencieux pendant autant de temps. “La musique que l’on propose aujourd’hui est un peu différente. On va sans doute perdre quelques personnes. Mais on va aussi en chercher de nouvelles. On fait la musique que l’on veut faire avant tout.”

→ En concert le 07/05 au Botanique (Bruxelles), le 01/06 au Reflektor (Liège) et le 20/07 aux Francofolies de Spa

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