Le loup et le cochon, une histoire qui dure…

Bel hommage à Mario Ramos avec "L’irrésistible Perlimpinpin".

"Irrésistible Perlimpinpin" de Andréa Nève et Pascal Lemaître (Pastel)
"Irrésistible Perlimpinpin" de Andréa Nève et Pascal Lemaître (Pastel) ©Pascal Lemaître

En livres jeunesse, la confrontation d’un loup et d’un cochon s’avère souvent d’une redoutable efficacité.

Notre regretté Mario Ramos (1958-2012) le savait, lui qui a usé du procédé avec autant de joie que de talent.

Encore tout imprégnée de la présence invisible des loups dans leur maison, conversation et imagination, sa chère Andréa Nève revient à la page après de nombreuses années de silence pour que dialoguent à nouveau le loup et le cochon dans L'irrésistible Perlimpinpin, un album de facture délicieusement classique, illustré avec humour, souplesse et vivacité par Pascal Lemaître, et dédié "A Mario".

Une très belle histoire d'amour et de malentendus entre la cochonne Rosalie et le cochon Perlimpinpin que l'on découvre en train de pleurer à chaudes larmes. Et pour cause… "Julie lui a dit qu'Émilie a dit que Rosalie a dit qu'il n'était qu'un empoté" ! De quoi, assurément, inonder la rivière de chagrin. Pour se consoler, le cochonnet se rend chez sa mémé, non pas avec des galettes mais avec quelques marguerites, espérant qu'elle lui prépare un délicieux gâteau et lui raconte des histoires anciennes.

Il ne voit hélas pas plus de mémé à l’horizon que dans la maison. Seul lui sourit un cadre photo avec un portrait de sa grand-mère.

"Irrésistible Perlimpinpin" de Andréa Nève et Pascal Lemaître (Pastel)
"Irrésistible Perlimpinpin" de Andréa Nève et Pascal Lemaître (Pastel)

Perlimpinpin effeuille une marguerite et s’embrasse dans le miroir de l’armoire du salon pour se cajoler un peu lorsque surgit le loup, endormi là depuis de trop longues années… S’entame alors un dialogue de sourds entre les deux protagonistes que tout devrait initialement séparer. Avec à la clé, qui sait ?, le début d’une réelle amitié. Ou celui, poudre magique à l’appui, d’une véritable histoire d’amour entre Rosalie et Perlimpinpin.

Un album tendre et souriant comme l’enfance, truffé de clins d’yeux, de références aux contes de fées, de sous et mal entendus avec un joli contraste entre des savoureuses doubles pages paysagistes et d’autres plus dynamiques. De quoi réjouir bien des mirettes et rendre, là-haut, un brin de sourire au plus fort de tous.

Les ours ne pleurent pas

"Les ours ne pleurent pas" de Emma Chichester Clark
"Les ours ne pleurent pas" de Emma Chichester Clark ©Emma Chichester Clark

Perlimpinpin n'est pas le seul à sangloter. L'ours de Emma Chichester Clark pleure lui aussi à chaudes larmes bien que l'autrice anglaise annonce haut et clair que Les ours ne pleurent pas.

Mais George, qu'on se le dise, n'est pas un ours ordinaire. Il habite dans une maison d'été qui appartient à son amie Clémentine, laquelle lui a appris à lire. Et on retrouve avec plaisir le duo rencontré dans Les ours ne lisent pas, (Albin Michel, 2015) vendu à plus de 9 000 exemplaires.

George adore se rendre utile en essuyant la vaisselle ou en prenant les poussières, envoyant joyeusement, et sans le vouloir, tout valser au passage…

Lorsque Clémentine et sa mère s’en vont, il s’installe tranquillement au jardin pour lire un livre que Clémentine a emprunté à la bibibliothèque.

Un jour, alors qu’il avait fini sa lecture plus tôt que prévu, il décide de se rendre lui-même à la bibliothèque, à mille lieues d’imaginer le vent de panique que va provoquer sa présence en ville.

Trouvant porte close, il ne se décourage pas et se rend à la librairie qui, elle aussi, vient de fermer.

N’y voyant que du feu, il poursuit ses pérégrinations, persuadé qu’il arrive toujours un peu trop tard.

Au marché, tout s’emballe et George finit par faire un vol plané dans la fontaine municipale.

Nourri de vie et d’inattendus, voilà un album qui tord le cou aux idées reçues.

De belles scènes de vie publique ponctuent le récit aux multiples contrastes rehaussés par l’indéniable talent de Emma Chichester Clark qui, dans la pure veine anglaise, en dit autant, sinon plus, avec les dessins qu’avec les mots.

--> ★ ★ ★ Andréa Nève et Pascal Lemaître | L'irrésistible Perlimpinpin | Album | Pastel, 36 pp., 13,50 €. Dès 3 ans.

--> ★ ★ ★ Emma Chichester Clark | Les ours ne pleurent pas | Album | Albin Michel jeunesse, 40 pp. Prix 14 €. Dès 3 ans.

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