Hommage à Tapta, notre grande sculptrice
Exposition au Wiels autour de Tapta qui marqua toute une génération d’artistes belges.
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Publié le 22-05-2023 à 16h31
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Une fort belle exposition s’est ouverte au Wiels consacrée à la sculptrice belgo-polonaise Tapta (1926-1997), de son vrai nom Maria Wierusz-Kowalski. C’est Ann Veronica Janssens qui fut l’assistante de Tapta à la Cambre, qui a eu cette belle idée de montrer à nouveau l’œuvre pionnière de cette artiste qui a pris d’abord comme matériau le textile, les cordes, pour en faire des “sculptures molles”, pour amener l’art appliqué du textile vers l’art, à l’instar de Sheila Hicks ou de Robert Morris et son “Anti Form”. Elle remettait ainsi en question le caractère solide de la sculpture contemporaine.
Elle disait : “Mon rêve ? Créer des lieux aux formes molles, qui vous enveloppent et vous protègent du monde extérieur. Elles deviennent des zones de calme et d’amitié. ”
Tapta était arrivée en Belgique en 1944 comme réfugiée politique, avec son mari, après avoir participé à l’insurrection de Varsovie. Elle étudia à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre à Bruxelles, puis séjourna au Congo belge de 1950 à 1960.
Elle dirigea plus tard, de 1976 à 1990, l’atelier de textile de La Cambre (et à Tournai à partir de 1980) l’ayant rebaptisé atelier de “sculpture souple”.
Le noir lui va si bien
Après les sculptures textiles faites de cordages très structurés de ses débuts, elle choisit le néoprène, un caoutchouc synthétique noir, souple et rigide à la fois.
Dès les années 80, elle veut ainsi rompre avec une pratique qu’elle jugeait facile, décorative et qui l’enfermait dans le “ghetto” de l’art textile.
Elle choisit alors de se confronter à des matériaux industriels. Ses structures, toujours noires, sont des formes découpées qu’elle agence en explorant l’espace afin d’exprimer une énergie, une tension tridimensionnelle. Une démarche minimaliste qui se pose aussi en critique du monde contemporain et du monde postindustriel.
Au Wiels, on découvre d’abord ses œuvres célèbres des années 70 : ensemble de cordes de rouges dégradés, cordes blanches, “Chute de nœuds”.

Son œuvre maîtresse, appelée “Formes pour un espace souple” (1974), était constituée d’une vingtaine de sortes de champignons de cordes s’élevant à 3 m de haut. L’œuvre appartenant au Muhka à Anvers était endommagée et sera reconstituée peu à peu à l’exposition.
Tapta se lança donc aussi dans des sculptures parfois monumentales en acier, aux formes minimales dont on voit au Wiels les maquettes en néoprène alignées contre les fenêtres du Wiels formant un paysage.
Tous les Bruxellois connaissent sa superbe sculpture de 17 m de haut, “Esprit ouvert” (1997), près de la gare du Nord face à la Tour Proximus. Elle montre toute la force que peut avoir une sculpture dans l’espace public. C’est l’une des rares intégrations urbaines à Bruxelles qui soit totalement adéquate.
Tapta s’impliquait beaucoup dans son enseignement et a marqué durablement toute une génération d’artistes dont Ann Veronica Janssens, Monica Droste et Marie-Jo Lafontaine qui furent parmi ses étudiantes.
Tapta mourut inopinément en 1997.
Trois artistes contemporains ajoutent leur regard actuel au Wiels. Hana Miletic avec des beaux textiles feutrés, colorés et coopératifs ; Greet Billet avec 3 grands miroirs triangulaires et Richard Venlet qui enveloppe les œuvres de Tapta dans une structure murale transparente et flexible.
Une exposition qui est un bel hommage à l’art puissant de Tapta.
Tapta au Wiels, à Bruxelles, jusqu’au 13 août