Inho Jeong et Anna-Sophie Neher à leur meilleur
Retrouvailles heureuses avec deux finalistes magnifiés par l’orchestre
- Publié le 01-06-2023 à 23h54
- Mis à jour le 02-06-2023 à 16h07
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Premier chanteur de la soirée et unique basse de cette finale, le Coréen Inho Jeong, 31 ans, est aussi une des voix les plus impressionnantes de cette session, notamment par l'incroyable richesse de son timbre. Son air de Banco (Macbeth, de Verdi), le fidèle chef des armées du roi Duncan, atteste d’emblée une remarquable stabilité, qui, alliée à la puissance et aux splendides couleurs de la voix, lui vaut une première ovation. La langue française – que l’on découvre un peu engorgée dans “Vous qui faites l’endormie” (Faust de Gounod) lui va moins bien et sa compréhension du personnage de Mephisto, aux ricanements monstrueux, laisse perplexe, mais l’engagement dramatique du chanteur fait mouche. C’est d’ailleurs un tout autre caractère que le chanteur parvient à développer dans l’air de Ralph (Les Jolies filles de Perth, de Bizet), paroxystique mais nuancé, très bien conduit et profondément émouvant. “La Calunnia”, grande leçon de sociologie de Don Basilio (Barbiere, de Rossini), peut devenir un piège, magistralement déjoué dans ce cas : Inho Jeong mène tout cela avec humour et stratégie, dosant ses effets, réservant sa formidable puissance – et son souffle – à l’apothéose finale. Salle en joie !
La lumière de Bellini
Dernière finaliste de la soirée, la soprano germano-canadienne Anna-Sophie Neher, 32 ans, ouvre son concert avec “Da tempesta il legno infranto”, air exigeant (mais porteur lorsqu’il est parfaitement maîtrisé), de Cleopatra dans Julio Cesare de Haendel. C’est un risque qu’elle semble ne pas dominer d’emblée mais, en dépit de quelques accidents, elle prendra de l’assurance en cours de route. La beauté scintillante de sa voix et sa facilité dans les aigus ne seront toutefois pas suffisantes pour soutenir le caractère athlétique des vocalises impérieuses de cet air redoutable.

Par contre, la grande courbe, les pianissimos, les suspensions célestes de “Eccomi in lieta vesta”, (Giulietta) de Bellini, semblent son véritable terroir ; elle y excelle, avec grâce et même avec naturel (merci à la harpiste). Enhardie sans doute par l’ovation chaleureuse que vient de lui réserver la salle, la soprano se lance ensuite dans “En proie à la tristesse”, l’air de la Comtesse Adèle dans Le Comte Ory (Rossini), en commençant hélas par surjouer, trait déjà observé aux premiers tours, mais la suite de cet air extrêmement exposé et périlleux fut un feu d’artifice vocal, récompensé par l’accueil du public.