“Music Queens”: le girl power en 20 chansons, sur Arte et en BD
De François Hardy à Angèle, en passant par Cindy Lauper et Beyoncé, plongée animée dans la pop culture féministe. Une série imaginée par la journaliste Rebecca Manzoni, à voir sur Arte.TV et à lire en BD.
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- Publié le 10-06-2023 à 18h06
- Mis à jour le 03-07-2023 à 14h32
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“Je comprends les incomprises”, déclare Françoise Hardy à l’automne 1962. Alors que le monde pleure Marilyn Monroe et que la France se prononce par référendum sur l’élection au suffrage universel direct du président de la République, la chanteuse de dix-huit ans triomphe au hit-parade avec “Tous les garçons et les filles”.
Accompagnée de sa guitare acoustique, elle chante l’adolescence, la mélancolie, les complexes physiques et les jours “comme les nuits, en tous points pareils, sans joie et pleins d’ennui”. Pour beaucoup de jeunes filles qui se reconnaissent dans les paroles, elle impose une féminité assumée et sans minauderie.
Des refrains, des combats
“Tous les garçons et les filles” fait partie de vingt chansons disséquées avec originalité et pertinence dans Music Queens, série courte animée qui a été imaginée par la journaliste de France Inter Rebecca Manzoni, coréalisée par Amandine Fredon et croquée par la dessinatrice Leslie Plée.
Le pitch de ces vignettes diffusées en intégralité sur Arte TV jusqu’au 30 juin? Le temps que dure une pop song – soit trois minutes –, deux narratrices (Izïa Higelin, Aïssa Maïga) recontextualisent ces tubes fredonnés par plusieurs générations. Derrière leurs refrains entêtants, ces mélodies ont été, parfois malgré elles, le marqueur d’un combat pour l’égalité hommes-femmes et pour la défense d’une féminité multiple.
Réfléchir et se souvenir
De l’hymne antiraciste “Ain’t Go No, I Got Life” de Nina Simone au slogan “Balance Ton Quoi” de l’ère #MeToo scandé par notre Angèle nationale, en passant par l’hédoniste “Girl Just Want To Have Fun” de Cindy Lauper ou le radical “Heavy Gross” de Gossip (”Je suis grosse, je suis lesbienne et je t’emmerde”), toutes les thématiques sont abordées. On n’y parle pas de la femme, mais des femmes.
Assumé et revendiqué, le féminisme n’est pas ici militant, mais il pousse à réfléchir et à se souvenir. L’humour a sa place dans ces capsules qui n’essayent pas non plus de réécrire l’histoire. La série évoque des héroïnes. Mais on rappelle aussi que c’est Chris Stein, époux de Deborah Harry et guitariste, qui a signé les hits de Blondie. La grande Barbara était aussi la première à reconnaître que son immense “L’Aigle Noir” n’aurait pas eu un tel succès sans les arrangements quasi symphoniques de Michel Colombier.
Homosexualité, body positivisme, fluidité de genre...
La playlist conçue par Rebecca Manzoni brille par sa diversité. ”Nous avons voulu croiser les générations, les époques, les registres musicaux et les sujets, comme l’homosexualité, le body positivisme, la fluidité entre les genres ou encore l’avortement (via la chanson Non, tu n’as pas de nom d’Anne Sylvestre), thème redevenu très contemporain avec son interdiction dans plusieurs États américains, précise-t-elle. L’idée était aussi de parler des pionnières. Sans Janis Joplin, Nina Simone ou Debbie Harry, il n’y aurait pas de Beyoncé ou de Madonna. Elles ont vraiment fait avancer les mentalités.”
Chaque épisode se termine de manière plus légère par un karaoké. Une façon de rappeler notre rapport au tube: une chanson populaire qu’on fredonne sans penser que son message peut se révéler novateur et progressiste. Bien vu. À noter que Music Queens est aussi décliné dans un roman graphique disponible aux éditions Arte.
- Music Queens, sur ARTE TV, jusqu’au 30 juin.
- Music Queens, roman graphique de Rebecca Manzoni, Émilie Valentin & Leslie Plée, Arte Éditions.