Quel bilan pour les “safe zones” aperçues en festival cet été ?
La saison des festivals terminée, on fait le point sur les différents dispositifs mis en place pour rendre ces événements plus sûrs.
- Publié le 10-09-2023 à 16h16
- Mis à jour le 10-09-2023 à 16h18
En avril dernier, le festival Inc’Rock dans le Brabant wallon se retrouve sous le feu des critiques. Sur les réseaux sociaux, on accuse le festival de ne pas avoir su réagir après qu’une agression sexuelle s’est déroulée sur leur site. Les messages dénoncent une mauvaise prise en charge et un manque de formation des vigiles. Pour le directeur du festival, Benoît Malevé, ces attaques sont “injustes”, car plusieurs mécanismes ont été mis en place : un partenariat avec l’Aide à la Jeunesse en Milieu Ouvert (AMO) et un planning familial, une présence permanente aux stands et des annonces faites avant les concerts pour rappeler que des professionnels sont présents sur le site en cas de comportements inappropriés.
Le festival souligne que le site est quadrillé par des caméras et dispose d’une forte présence policière. “En termes de nombre d’incidents chez nous, on a peut-être les meilleures statistiques de tous les festivals, assure le directeur. Aucun jeune n’est venu frapper à la porte des antennes, que ce soit de la Croix Rouge ou du planning familial.” Du côté du Plan Sacha à Esperanzah!, on estime que, si rien n’est signalé, cela signifie que le “dispositif n’a pas fonctionné” et que les victimes ne se sont pas senties assez en confiance pour venir témoigner.
Modifier les réflexes
Au festival namurois, plusieurs incidents ont été recensés. “Il y a toujours des violences sexistes et sexuelles qui ont lieu dans des événements. Mais c’est compliqué de faire en sorte qu’une personne se dise qu’elle va en parler à la structure", avertit Ana Seré du Plan Sacha. Elle assure que le premier réflexe des victimes reste de quitter l’endroit.
Du côté de Couleur Café, “rien de très grave ne s’est déroulé sur le site”. “Mais on a quand même eu quelques incidents. Cela confirme que nous avons bien fait en installant la “Care Zone”, indique Dennis Corbesier, porte-parole des festivités bruxelloises. Aux Ardentes, ce sont plutôt des témoins qui se sont présentés à la Safe Zone. “En matière d’agression sexuelle, il est souvent plus difficile pour les personnes de venir en parler”, reconnaît Sarah Debony du Conseil de la Nuit, partenaire des Ardentes.
Une fille sur six
Selon une étude menée par Plan International Belgique, 60 % des sondés reconnaissent que le harcèlement sexuel est un problème fréquent, voire très fréquent dans les festivals et une fille sur six révèle en avoir été victime au moins une fois à un festival au cours des trois dernières années. “Les comportements ne changent pas. Les réalités ne sont pas belles, déplore Lucie Wajnberg de Couleur Café. Je trouve que ça fait la différence dans l’ambiance d’un festival de savoir qu’il existe un endroit dans lequel on peut se rendre si besoin.”
Il s’agit d’un sujet de santé et de sécurité, ce n'est pas du tout quelque chose qui s'improvise.
Pour assurer une meilleure prise en charge, la formation s’avère essentielle. Dans la plupart des événements proposant ces “safe zones”, les différents membres de l’équipe du festival et les responsables des bénévoles sont formés en amont. À l’Inc’Rock, on réfléchit à proposer davantage de formations pour l’année prochaine pour ne pas répéter les mêmes erreurs. “Il s’agit d’un sujet de santé et de sécurité, ce n’est pas du tout quelque chose qui s’improvise. Cela s’apprend. Le faire de son côté, je trouve ça dangereux, alerte le Plan Sacha. Si on se retrouve face à une prise en charge compliquée avec une équipe pas correctement formée, ça peut laisser des séquelles sur une victime.”