Arlo Parks : “En musique, on doit suivre un certain format. Avec la poésie, on peut se laisser aller”
Après un premier disque remarqué, l’autrice-compositrice revient avec “My Soft Machine” et un recueil de poèmes.
- Publié le 11-09-2023 à 13h41
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En 2021, la jeune Britannique se retrouve en plein tourbillon médiatique avec Collapsed In Sunbeams : là voilà tour à tour désignée comme voix de la génération Z grâce à une écriture intime et percutante, relève de la scène indé et porte-parole de la santé mentale des artistes après avoir annulé sa tournée pour se préserver. Arlo Parks signe aujourd’hui son retour avec My Soft Machine. Un disque pour lequel elle s’est délestée de la pression d’atteindre le même succès que le premier et s’est appuyée sur la confiance récemment gagnée. Écrit entre sa tournée avec la chanteuse américaine Clairo et son déménagement à Los Angeles, ce deuxième opus se montre plus aventureux et toujours aussi personnel.
Musicalement, vous vous frottez à d’autres styles musicaux : au rock des années 90 sur “Devotion” et à l’électro sur “Puppy” et “Blades”. On ne vous attendait pas forcément dans ces genres-là.
Collapsed in Sunbeams avait quelque chose de plus chaud, plus jazz et soul. Avec une énergie à la “House of Cards” de Radiohead. Je voulais faire en sorte que la musique porte mes mots. Ici, je teste davantage de choses, je me suis plus impliquée dans la production. C’est vrai qu’avec “Devotion”, les gens seront sans doute surpris. Mais j’ai grandi avec ce type de musique. C’est ma musique préférée. J’ai l’impression qu’à chaque étape, on gagne en confiance. La confiance produit de l’expérience. On peut alors se permettre d’essayer des choses, juste comme ça, et voir ce que ça donne.
Vous avez également travaillé de manière plus collaborative, avec différents producteurs comme Paul Epworth (Adele), Romil Hemnani (le DJ de Brockhampton), Buddy Ross (Frank Ocean) et plusieurs musiciens. Ces invités ont-ils modifié votre manière de travailler ?
Cela change beaucoup. On se retrouve avec davantage d’idées. Des idées auxquelles je n’aurais jamais pensé moi-même. Et d’autant plus quand on travaille avec des musiciens incroyables avec des vraies connaissances techniques comme David Longreth, le guitariste de Dirty Projectors. Les textes et les mélodies viendront toujours de moi. Mais j’ai eu l’impression cette fois de faire partie d’une équipe, d’un groupe même ! J’ai eu la sensation de redevenir une adolescente. Je crois qu’il est essentiel que le procédé soit fun.
Vous avez également un duo avec la très demandée Phoebe Bridgers, connue pour ses paroles sensibles et vulnérables. Trouvez-vous des similitudes dans votre écriture ?
Elle écrit également sur sa vie personnelle et fait attention aux détails. C’est exactement ce que j’aime dans sa musique. Elle parvient à faire passer une idée avec très peu de mots. À 16 ans, j’étais complètement obsédée par son premier album qui venait de sortir. Il me parlait. On est fan l’une de l’autre. On s’est rencontré lors d’un tournage pour la BBC, puis on a rejoué ensemble à Glastonbury et puis Coachella. La collaboration paraissait évidente. J’adore la dimension qu’elle apporte à la chanson. Même si on ne l’entend que subtilement, sa présence apporte beaucoup de douceur et de mélancolie à la chanson.
Vos chansons sont pleines de descriptions. On fait la rencontre de Jodie, Ahmed, Grady. On s’imagine le Dayglow Cafe. On perçoit le sillage du parfum Diptyque à la rose. On peut presque visualiser chacune de vos chansons. Votre amour du cinéma influence-t-il la façon de raconter des histoires ?
J’ai toujours écrit avec beaucoup de détails. Même quand j’écris dans mon journal intime, je vais plus loin que juste raconter ce que j’ai fait de ma journée, je m’attarde sur le rouge vif du fruit devant lequel je suis passé. J’aime faire appel aux sens. Quand je suis tombée amoureuse du cinéma, cela n’a fait que s’amplifier. Cela m’a permis de faire appel à d’autres bulles d’inspirations, en dehors de ma propre vie.
Vous publiez aussi un recueil de poèmes fin septembre, The Magic Border (Robert Laffont). Une nouvelle manière d’approcher l’écriture ?
Je me suis toujours intéressée aux mots. J’essaie donc de trouver constamment de nouveaux vaisseaux et manières de raconter des histoires. Ça peut être des chansons, des poèmes, peut-être bientôt des nouvelles, des scripts… C’est une nouvelle aventure très excitante. C’est ce que j’ai toujours voulu faire. La poésie vient quand je n’ai pas envie de sculpter un passage ou une pensée en couplets et refrains. En musique, on est obligé de suivre un certain format, on doit se montrer concis et économique. Avec la poésie, on peut se laisser aller et se libérer.
→ En concert le 15/09 à l’Ancienne Belgique (Bruxelles)