Les paysages abstraits d'Alberto Reguera
Ruben Forni nous l'avait fait connaître il y a près de quinze ans déjà. Le galeriste uruguayen retourné en son pays, Alberto Reguera - 40 ans - ne pouvait demeurer trop longtemps absent de notre champ visuel. Or le voici avec des toiles toutes récentes, à l'invitation désormais d'un Pascal Polar qui a toujours admiré sa force créatrice, son sens inné de la peinture sans faux fuyants.
- Publié le 22-10-2001 à 00h00
Ruben Forni nous l'avait fait connaître il y a près de quinze ans déjà. Le galeriste uruguayen retourné en son pays, Alberto Reguera - 40 ans - ne pouvait demeurer trop longtemps absent de notre champ visuel. Or le voici avec des toiles toutes récentes, à l'invitation désormais d'un Pascal Polar qui a toujours admiré sa force créatrice, son sens inné de la peinture sans faux fuyants.
Petites, moyennes, ou monumentales, les toiles de Reguera frappent d'instinct nos imaginations. Elles se déclinent en une suite de plages méditatives et généreuses, révélatrices de l'impact fécond que produisent sur l'artiste les champs naturels retenus de ses périples à travers l'Europe.
Fjords norvégiens ou massifs chauffés à blanc de sa terre ségoviane, Reguera campe ses tableaux comme autant de morceaux de peinture nés de la nature elle- même. Point de figuration pour autant, mais, divers de l'un à l'autre, des champs de couleurs labourés pigments à vif et matières en fusion. Du jaune dense au vert soyeux, du mauve au rouge, du blanc dru au bistre velouté, ce sont toutes les colorations de la planète qui nous sont ainsi offertes au bout d'une brosse qui sait jouer avec aisance et lucidité entre les pleins et les vides, les engorgements et les distanciations, les plaisirs et les souffrances.
Reguera est un peintre dans toute l'acceptation du terme. Un peintre qui n'a pas peur de se mouiller le maillot. Pas peur de faire chanter ses toiles comme le toreador enflamme l'arène. On est frappé par cette tension qu'il parvient à juguler tout en l'accordant à un besoin de libération exemplaire. Un Reguera n'est jamais le même que le précédent et, pourtant, tous ses tableaux ont un air de famille qui ne trompe pas! Dans ses toiles, l'espace et le temps semblent si bien se conjuguer et participer d'un souci de vérité qu'on se dit que, décidément, et contrairement aux idées trop reçues, la peinture a toujours de beaux jours devant elle. Voici un peintre qui vous donne du bonheur durable.
© La Libre Belgique 2001
Galerie Pascal Polar, 108 chaussée de Charleroi, Bruxelles. Jusqu'au 24 novembre, mercredi à samedi, 14 à 19h.