Toutes les affiches de Toulouse-Lautrec
Le Musée d'Ixelles possède l'une des cinq plus belles collections d'affiches anciennes au monde. Florilège
- Publié le 11-02-2002 à 00h00
Musée d'Ixelles, 71 rue Van Volsem, Bruxelles. Jusqu'au 21 avril, du mardi au vendredi, de 13 à 18h30; samedi et dimanche, de 10 à 17h. Livre-catalogue par Ephrem, Alice Éditions, 128 pp.
En 1906, le Musée d'Ixelles recevait, don fabuleux d'un collectionneur et militaire éclairé, le commandant Joseph Botte, une manne inespérée: 490 affiches de la Belle Époque. Admirablement préservé, ce fonds comprenait, outre des Chéret, Steinlen et autres Mucha, vedettes en la matière, 27 des 32 affiches réalisées par le génial Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901). Ce don était alors déjà d'autant plus précieux que l'affiche aura occupé une place de choix, incontestable, dans l'oeuvre d'un Lautrec parvenu au sommet de son art, et qui se captiva pour cette nouvelle forme d'art au seuil de sa vie, à partir de 1891.À l'époque, l'art de l'affiche allait de pair avec le surgissement d'une décennie en veine d'industrialisation. Prélude à la course, aujourd'hui galopante, à l'affichage - hélas devenu bien médiocre! - voulue par une société de consommation toujours plus agressive, l'affiche, vers 1900, fut essentiellement une affaire d'artistes mobilisés par ces inventions, libératrices en ce temps-là, qui avaient pour nom: vélo, voiture, machine à coudre, etc. Mais aussi par les spectacles à promouvoir. C'est à la technique de la lithographie, remise à l'honneur, que les affichistes livrèrent leurs émotions et leurs jeux de couleurs et de lignes, et Lautrec s'y complut si volontiers qu'il imprima, plus de 380 fois en ce compris une trentaine d'affiches, son talent et sa verve féconde en des images à jamais recherchées pour leur audace graphique et leur rayonnement.
Sa première contribution monumentale à la nouvelle forme d'art - un art de la rue, populaire et joyeux -, Toulouse-Lautrec la signa en faveur du Moulin Rouge et de la non moins célèbre Goulue. Devaient suivre des campagnes en faveur d'Aristide Bruant, de Jane Avril, de May Milton, de la Gitane, des cycles Michael et de la chaîne Simpson, Lautrec se plaisant autant sur les divans japonais et dans les cabarets qu'autour des pistes de vélodromes. À la seule exception de La Gitane, l'ultime affiche de Toulouse-Lautrec réalisée en 1899, le Musée d'Ixelles les possède toutes.
Dans la foulée de l'exposition `Paris 1900´, il était donc de bon ton de prolonger le panorama par une mise en situation du plus remarquable des affichistes. Chose faite et bien faite, puisque les affiches du maître d'Albi y sont joliment présentées accompagnées de reproductions, de photos et de documents qui nous explicitent idéalement combien leurs sujets auront occupé Lautrec dans sa vie comme dans son art.
Point d'orgue: la pièce manquante, La Gitane, y a momentanément rejoint ses grandes soeurs, grâce à un prêt exceptionnel de la Bibliothèque Nationale de Paris.
© La Libre Belgique 2002