Des rues vivantes
Fidèle à elle-même, la Zinneke réussit à créer une unité esthétique dans un ensemble hétéroclite de créations très personnelles, réunissant 4200 artistes en tous genres. Professionnels comme amateurs, de milieux sociaux divers, de toutes les communautés de Bruxelles et parfois d'un peu plus loin (La Louvière, Liège, Roubaix,...), ils se sont tous invités à la fête
- Publié le 26-05-2002 à 00h00
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Fidèle à elle-même, la Zinneke réussit à créer une unité esthétique dans un ensemble hétéroclite de créations très personnelles, réunissant 4200 artistes en tous genres. Professionnels comme amateurs, de milieux sociaux divers, de toutes les communautés de Bruxelles et parfois d'un peu plus loin (La Louvière, Liège, Roubaix,...), ils se sont tous invités à la fête.
Mais la Zinneke, c'est aussi la musique, toutes les musiques (africaine, contemporaine, capoeira, rap,...). La richesse du spectacle vient de la juxtaposition de différents `moments´ artistiques, chacun s'articulant sur un thème (ville organique, cosmogonie, jardins mobiles, lutte des quatre éléments, mort,...) mis en scène de manière résolument contemporaine, sans renier le passé. On retrouve les éléments de base du spectacle de rue: jongleurs, cracheurs de feu, bateleurs, acrobates, musiciens, danseurs, fanfares, chars...
La rapidité des enchaînements scéniques entraîne les spectateurs dans un tourbillon éblouissant de couleurs, de sonorités, de chorégraphies,... Le public émerveillé, envahissant jusqu'à l'asphalte des rues, participe spontanément au spectacle, contribuant ainsi à une création commune. Chacun apporte son sourire, sa bonne humeur, dans un mélange harmonieux de créativité improvisée.
Au passage d'un peloton de vélos ailés, le visage d'une enfant s'illumine face à la simple beauté de machineries et de costumes inventifs. Elle a sept ans et est venue admirer le défilé de son école, la Sapinière de Boisfort. Elle est fière de ses camarades, déguisés en pharaons et en mangeurs de soupe qui ne mangent pas leur soupe. A son image, des centaines d'enfants, parfois costumés, grimés, sont venus à ce tout nouveau carnaval de printemps, qui offre à la Capitale la grande fête populaire qui lui manquait.
Particulièrement représentatif de l'engagement des artistes à travers des thématiques plus dures, le convoi de la folie impressionne par son côté plus grave, plus actuel. Des hommes mutants cohabitent avec des bébés mutilés. La guerre crache ses flammes infernales sous nos yeux comme une absurdité, dans un délire de fumées rouges et mauves qui font bientôt place à d'inquiétants personnages noirs, ombres d'une société décadente.
Car la Zinneke Parade, s'il s'agit d'une fête joyeuse, tente de faire réfléchir sur les grands thèmes de la vie d'une société (naissance, origines, racisme...), pleine de défauts mais aussi d'espérances pour le futur. Futur que l'on souhaite sans nuages pour la Zinneke.
© La Libre Belgique 2002