Baham, Mankon, Babungo, Bandjoun

L'histoire et le quotidien de populations des plateaux forestiers du Grassland nous sont largement détaillés dans ces ouvrages bien agréables au toucher comme à la vue. Captivants par la somme de renseignements utiles qu'ils recèlent. Grâce à eux, le lecteur avisé pénètre au plus près possible de règles, mythes et représentations artistiques infiniment liés entre eux.

Roger Pierre Turine

L'histoire et le quotidien de populations des plateaux forestiers du Grassland nous sont largement détaillés dans ces ouvrages bien agréables au toucher comme à la vue. Captivants par la somme de renseignements utiles qu'ils recèlent. Grâce à eux, le lecteur avisé pénètre au plus près possible de règles, mythes et représentations artistiques infiniment liés entre eux.

Mystère pour mystère et terreur pour terreur: c'est dans des univers à mille lieues des nôtres que nous pénétrons grâce à des auteurs qualifiés. L'écriture de leurs récits est alerte et dense en même temps. Et l'intérêt de pénétrer d'abord au coeur des sociétés parcourues, avant que de s'intéresser à leur art, est un juste pari.

L'art des peuples africains, de quelque terre qu'ils soient, est intimement lié à l'observation quotidienne de faits, gestes et croyances censés rapprocher les hommes et les forces de l'au-delà, les «divinités», qui les gouvernent dans leur cheminement de la vie à la mort.

Ces peuples ont une longue histoire farcie de déracinements, d'enracinements, de conquêtes, de guerres, d'initiations, de devoirs. Et leur art magnifie le respect de règles intransgressibles sous peine de graves sanctions. Du moins en était-il ainsi avant que la colonisation et ce que nous appelons la civilisation n'engagent ces peuples vers des destins racornis. Le pouvoir en terre africaine tenait souvent d'un certain mystère assorti de peurs ancestrales. Allégeances au chef, au sacré, mainmise de sociétés secrètes puissantes, intervention de devins et sorcelleries: organisées selon des traditions colportées oralement de génération en génération, les sociétés noires ont désormais perdu, comme cet art qui leur était si proche, rayonnement et qualité.

Ces livres agissent aussi comme mémoire d'un passé riche et, souvent hélas, révolu.

Un passé et des arts si particuliers d'un petit peuple à l'autre pourtant si voisin. Une preuve par quatre.Félicitons-nous enfin des réussites de cet éditeur belge installé à Milan et déjà retenu par le futur Musée du quai Branly au rang de partenaire privilégié, aux côtés de Flammarion, Actes Sud (autre éditeur belge) et de la Réunion des musées nationaux!

© La Libre Belgique 2006


«Trésors royaux du Cameroun», par Jean-Paul Notué et Bianca Triaca; 4 livres édités par 5 Continents, deux en français, deux en anglais, env.200 pp. chacun, abondantes illus. en noir & blanc et en coul. Prix: env.25 € par vol.

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