Des boules, des glaces,...

J'avais 8 ans et des culottes courtes. Aller à l'Expo, c'était enfin s'arrêter dans cette ville que je n'avais jusque-là que traversée pour aller à Westende, par l'autostrade de la mer, comme on disait alors.

Michel Konen

J'avais 8 ans et des culottes courtes. Aller à l'Expo, c'était enfin s'arrêter dans cette ville que je n'avais jusque-là que traversée pour aller à Westende, par l'autostrade de la mer, comme on disait alors. Une expédition qui vous prenait une journée entière. Bruxelles donc. Bruxelles d'abord. La grande ville. Une très grande ville, du moins pour moi qui venais des bords de la Fagne.

Et puis, évidemment, ces neuf boules argentées dressées dans le ciel. Je les avais vues à la télé. En noir et blanc. Chez ma tante Maria qui, elle, avait un poste de télévision. Epoque incroyable où la lucarne magique réunissait autour d'elle des familles entières. A y réfléchir, je ne sais plus si c'est l'Atomium ou la télé qui m'a le plus marqué. Le miracle, c'était peut-être cela d'ailleurs, voir l'Atomium à la télé.

L'Atomium donc. Je l'ai même visité. Mais du diable si je me souviens ce que j'y ai vu. C'est plutôt ce que me disait mon père à propos de l'atome qui me revient à l'esprit. C'était l'époque bénie où, malgré Hiroshima et Nagasaki encore tout frais dans les mémoires, l'atome représentait l'avenir, représentait l'espoir. Personne n'en doutait. La preuve, l'Atomium ! Ce qui me reste en mémoire, cinquante ans plus tard, c'est cela : la confiance dans l'avenir, la foi dans les technologies modernes. Plus une ambiance que des éléments précis !

Sauf Spoutnik. Pavillon soviétique : une petite boule hérissée d'antennes qui a fait bip-bip, là-haut, dans l'espace, moins d'un an plus tôt. Un autre miracle de la technique. L'avenir, quoi !

Et puis, il y avait ces jets d'eau qui dansaient en rythme et en lumière devant, je crois, le pavillon américain. Il y avait là une sculpture d'Alexandre Calder dont je ne garde pas le moindre souvenir. Ce n'est que tout récemment que j'ai appris que ces fontaines animées faisaient enrager le génial sculpteur américain.

Et puis, ceci encore : les soft-ice. La glace américaine au goût incomparable. Des machines en aluminium vous débitaient un cordon de glace vanille et/ou chocolat dans un cornet géant. Tout cela fondait au soleil et vous maculait les mains et la chemise. Mais, bon Dieu!, que c'était bon.

L'Expo 58, pour moi, c'est tout ce qu'il en reste. Pas grand-chose, en somme.

C'est lorsqu'on fait appel à sa mémoire qu'on sent que le temps mange les souvenirs.

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