Europalia chez les Indiens du Brésil !
L’Amazonie est riche en terres vierges. Des peuplades d’Indiens y vivent encore éloignées de toute civilisation. Repérées fortuitement, elles sont protégées par un gouvernement qui sait ce qu’il en coûterait de les amener à rencontrer la civilisation. Que leur offririons-nous, sinon maladies, misères, dénis d’identité.
Publié le 14-10-2011 à 08h11
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L’Amazonie est riche en terres vierges. Des peuplades d’Indiens y vivent encore éloignées de toute civilisation. Repérées fortuitement, elles sont protégées par un gouvernement qui sait ce qu’il en coûterait de les amener à rencontrer la civilisation. Que leur offririons-nous, sinon maladies, misères, dénis d’identité. Ces Indiens-là ne sont donc pas présents dans cette expo qui, par objets et coiffes de prestige interposés, nous en fait découvrir bien d’autres, des Kayapô aux Tikuna, des Bororo aux Karaju, aux Mehinaku.
Nous savons que cette exposition sera l’une des plus attrayantes d’Europalia. Et pourtant, c’est à l’aveugle, à la sauvette que nous l’avons découverte. Les organisateurs proposent et les incidents de parcours, parfois, disposent ! A quelques heures de l’ouverture officielle, le travail de mise en place en était à pallier les carences, sans doute brésiliennes, les objets en provenance des Amériques, quasi l’entièreté de l’accrochage, n’étant arrivés que lundi à bon port. Nous avons vu une expo en début de montage, caisses ouvertes, carcasses d’emplacements, trésors à peine disposés, cartels en souffrance, panneaux didactiques aux abonnés absents. Mais ça trimait dur, posément, et quand vous arriverez au Cinquantenaire, la fête battra son plein d’émerveillements.
Assez audacieuse, avenante, la scénographie de Lee Preedy réserve ses surprises avec ses alcôves protégées des autres par des sortes de voiles circulaires subtilement transparents. Les couleurs d’un parcours tout en chromatismes enivrent ainsi l’espace et c’est une félicité. Sobre et juste avec quelques objets bien choisis, très informé, le catalogue est cet idéal second regard que l’on peut désormais porter sur les grandes expositions.
Le duo de commissaires, Gustaaf Verswijver et Sergio Purini, a œuvré en connaissance de cause et, drivé par un Verswijver homme de terrain accompli, s’est attaché à nous initier sans redondance, cellule après cellule, aux réalités des terres amazoniennes et de leurs populations. 750 000 Indiens, 234 groupes ethniques, 180 langues. D’où la nécessité d’une synthèse qui rende compte de leur vie ancestrale et actuelle.
Trois cents objets, pour la majorité issus des musées brésiliens, de Rio, de Brasilia, de Belem, de São Paulo. Ils témoignent, par affinités de formes ou d’utilisation, des rituels et du quotidien de la vie de peuples viscéralement attachés aux traditions. Et c’est si vrai que la plupart de ces pièces témoins sont récentes, moins de quarante ans, mais empreintes de l’amour qui les a fait naître. Le corps et la corporalité sont au centre d’une démonstration soulignée par des musiques rituelles et lancinantes, répétitives.
En exergue, les différents âges de l’homme, de l’enfant à l’adulte, de la naissance à la mort, les activités journalières avec leurs objets marqués par cette présence corporelle.
Au hasard de notre découverte sur le tas et sans balises, nous avons repéré : d’entrée de jeu, un immense masque minihati tout en raphia, utilisé pour les rituels. Et la fête des plumes aussitôt de démarrer sur des chapeaux de roue d’une luxuriante emprise chromatique. Coiffe kayapô blanche des plumes de l’oiseau mythique qui a donné naissance à tous les oiseaux. Chapeau cérémoniel palikur, couronne zoro, couronne verticale wajapi, plumes, plumes, plumes Bleues, rouges, vertes, jaunes. On croit rêver, tant de jeux de couleurs en des déclinaisons qui stupéfient.
Tout est à l’avenant, objets pour les initiations, pour la pêche, éventails ou cruches, porte-bébé et jouets. De la vie qui s’exprime, que complètent des diaporamas. Avec, en fin de parcours, de rares trésors anciens, urnes et statuettes anthropomorphes de plus de mille ans avant notre ère.
Bruxelles, Musée du Cinquantenaire, jusqu’au 19 février, du mardi au dimanche de 10 à 17h. Animations diverses. Infos : 02.741.72.11, www.kmkg-mrah.be