Tamalui: "Nous voulons montrer que notre culture existe encore et qu’il faut la préserver"

Il est des hommes dont la bonté transparaît naturellement sur leur visage. Tamalui, de la tribu des Mehinaku, fait partie de ceux qui, d’un geste, d’un regard, rassurent, apaisent, attentifs à l’autre. Avec onze de ses amis, il présentera des rituels traditionnels au Théâtre national lors de quatre "sessions", ce week end.

Camille de Marcilly
Tamalui: "Nous voulons montrer que notre culture existe encore et qu’il faut la préserver"
©Christophe Bortels

Rencontre Il est des hommes dont la bonté transparaît naturellement sur leur visage. Tamalui, de la tribu des Mehinaku, fait partie de ceux qui, d’un geste, d’un regard, rassurent, apaisent, attentifs à l’autre. Avec onze de ses amis, il présentera des rituels traditionnels au Théâtre national lors de quatre "sessions", ce week end.

Membre d’un groupe d’environ 350 personnes, Tamalui vit dans la forêt amazonienne au cœur de la réserve indigène du Xingu, la plus importante du Brésil, avec relativement peu de contacts avec les populations environnantes même s’il a pu apprendre le portugais lors de déplacements locaux.

"Leurs maisons sont des cathédrales", nous explique Gustaaf Verswijver, ethnologue. "Elles sont immenses, plus haute que ce plafond. Elles sont aussi très belles, en bois et en paille. Tout le monde vit dans la maison, les grands parents, les parents, les enfants, les frères, les sœurs ", ajoute Tamalui.

Si des Mehinaku ont décidé de venir à Bruxelles dans le cadre d’Europalia, c’est pour une seule raison : "Nous avons accepté l’invitation parce que c’est pour nous l’occasion de montrer nos traditions d’origine. De prouver qu’elles existent encore. Dans le parc du Xingu, il y a des tribus qui ont perdu leur culture et leur langue, nous, nous les avons préservées et nous voulons les montrer. Nous en sommes très fiers. Nous pensons que faire savoir qu’elle existe est un moyen de la protéger."

Aujourd’hui, les Mehinaku ne se sentent pas menacés comme ont pu l’être les Kayapo qui avaient médiatisé leur cause lors du projet de construction du barrage hydraulique de Belo Monte. "Notre parcelle n’est pas en danger, elle est bien protégée. Il n’y a que nous, les Mehinaku, qui pouvons pêcher dans la région, les Blancs n’envahissent pas notre territoire. Pour l’instant."

Le choix délicat des rituels qui seront montrés au public a été effectué en concertation avec le chef du village. "Nous allons danser la Kayapa qui est liée à un esprit. Nous la dansons souvent dans le village, avec les femmes et les enfants pour que tous, hommes et esprits, soient contents." Parmi les personnes qui effectuent les rituels quotidiens, "tout le monde participe en général mais il y a toujours deux personnes au centre du cercle qui ont un rôle spécial, ils chantent, jouent de la flûte, dansent." La notion de transmission aux enfants est fondamentale aux yeux de Tamalui : "On enseigne tout à nos enfants par la pratique, la pêche, l’agriculture, les tâches quotidiennes, mais surtout notre culture, les peintures corporelles nécessaires aux rituels, les chants, la musique. Aujourd’hui, la pression de la culture et de la langue des Blancs est présente et plus on la ressent, plus on intensifie l’enseignement de la nôtre et on essaie de la partager."

C’est dans un esprit de respect mutuel que les Mehinaku présenteront ce week-end certains de leurs rituels. Au public de les accepter et les recevoir comme un partage et non comme une exhibition ou un spectacle.

Bruxelles, Théâtre National, Studio, vendredi 14 octobre à 20h30, samedi 15 à 14h et 20h30, dimanche 16 à 15h. De 14 à 24 €. Infos & rés. : 02.203.53.03 et www.theatrenational.be

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