Le corps décortiqué

En voyant les images de Bernard Caelen exposées en ce moment à l’Espace Provisoire, on pense aux mots-valises tels que les affectionnait Georges Perec. Dans les emboîtements et les contractions d’images de ce photographe, prospecteur à l’UCL de son métier, on retrouve ici et là des morceaux de préoccupations du préparateur de cadavre pour les leçons de dissection. Il y a ce bras coupé en rade sur une route pour un "kit main libre" ou ce pouce tendu de "l’auto-stoppé" (voir ci-contre). Comment dès lors ne pas penser au "chirurchien" définit comme "celui qui chasse la lapindicite" ?

Jean-Marc Bodson

En voyant les images de Bernard Caelen exposées en ce moment à l’Espace Provisoire, on pense aux mots-valises tels que les affectionnait Georges Perec. Dans les emboîtements et les contractions d’images de ce photographe, prospecteur à l’UCL de son métier, on retrouve ici et là des morceaux de préoccupations du préparateur de cadavre pour les leçons de dissection. Il y a ce bras coupé en rade sur une route pour un "kit main libre" ou ce pouce tendu de "l’auto-stoppé" (voir ci-contre). Comment dès lors ne pas penser au "chirurchien" définit comme "celui qui chasse la lapindicite" ?

Cependant, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que les propositions relèvent de deux registres assez distincts. D’une part, il y a des images qui puisent leur humour dans le rapport qu’elles entretiennent avec leurs légendes - un peu à la façon d’un Gilbert Garcin - et d’autre part, des photographies "autonomes", dont les signes mis en œuvre suffisent à provoquer un déclic. La va-nu-pieds sans chaussure dans une station de métro relève de la première catégorie et la vendeuse de soutiens-gorge dont on voit bien qu’elle fait l’économie de ses propres articles, de la seconde. L’hésitation entre les deux est, si l’on ose dire, une hésitation entre la prothèse et le membre. Reste une exposition montrant le corps humain de manière décalée et ludique par un aficionado de John Irving et de son roman "Le Monde selon Garp" : " Il arrive dans les livres de John Irving les pires catastrophes individuelles au milieu d’une phrase où on ne les attend pas, dans une banale scène de la vie quotidienne"

Côté surprises et catastrophes, parfois façon humour carabin, on est joyeusement servi.

"Le corps décortiqué", photographies de Bernard Caelen. Woluwe-Saint-Lambert, Espace Provisoire, 16, rue Martin V. Jusqu’au 29 octobre, du lundi au jeudi de 12h30 à 18h et le samedi de 14h à 17h. Rens. : www.artefac.be

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