Cap 40 ans, un anniversaire

Collectionneurs avertis, il vous faut acquérir un Lizène d’art médiocre pour mettre en valeur, par opposition, votre mobilier de qualité et vos tableaux de maître ." Sur cette invective digne de l’un des enfants terribles de l’art contemporain liégeois, démarre une expo qui décoiffe dans la saveur et la qualité d’heureuses retrouvailles.

R.P.T.

Collectionneurs avertis, il vous faut acquérir un Lizène d’art médiocre pour mettre en valeur, par opposition, votre mobilier de qualité et vos tableaux de maître

." Sur cette invective digne de l’un des enfants terribles de l’art contemporain liégeois, démarre une expo qui décoiffe dans la saveur et la qualité d’heureuses retrouvailles.

Certifiée conforme par l’aval de sept fouteurs de trouble optique et plastique - Jacques Lizène, Pierre Courtois, Pàl Horvàth, le regretté Jacques-Louis Nyst, Gilbert Herreyns, Jacques Lennep et Jean-Pierre Ransonnet -, l’exposition suit son cours de manière aérée, riche. Mouvement indépendant depuis 40 ans, le CAP (Cercle d’Art prospectif), soit sept destins artistiques sans vraies communes mesures créatrices, sinon un esprit, un souci d’expérimentation et une volonté d’entraide à la circulation de l’œuvre d’art. Champions de slogans qui mouchent, adeptes des nouvelles technologies dès l’apparition de la vidéo, sensibles aux arts multiples qui voyagent, généreux dans l’écrit, ces gais lurons furent inventeurs d’idéaux et d’images, d’ambiances et de cheminements. Les voici représentés par cellules de travaux, et Jacques Lennep, peu ou prou le théoricien, explicite le défi en soulignant qu’en sa "période historique, entre 1972 et 1982, le CAP a agi dans la foulée du bouillonnement de culture des années 70. Il regroupait des artistes underground qui travaillaient de mèche avec des galeries underground".

Après, les liens se sont distendus, chacun suivant davantage sa ligne plus particulière. La spécificité du CAP des origines est éclairée : "L’imprimé dans tous ses états, ce qui représentait un état d’esprit" avec des détournements d’imprimés au nom de la liberté d’expression.

Et l’expo de rappeler que Jacques-Louis Nyst fut un vidéaste pionnier en Belgique, les sept ayant tous agi à l’avant-garde, raison pour laquelle l’esprit CAP agite les consciences 40 ans plus tard. Alors conceptuel, Ransonnet photographiait le village de son enfance et traçait des histoires de Lierneux dans "Les lieux et les liens", Lennep faisait "La chasse aux cerfs", Pierre Courtois mettait les topographies en boîte, Gilbert Herreyns intériorisait des labyrinthes géométriques et Pàl Horvàth scandait la nature sobrement, rigoureusement. Un vrai retour aux sources.

Centre de la Gravure, 10, rue des Amours, jusqu’au 29 avril, du mardi au dimanche et fériés de 10 à 18h. (Fermé 18 et 20 mars). Infos : www.centredelagravure.be

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