Le futur musée dans la zone du canal

L’annonce ce week-end, par le gouvernement bruxellois, qu’il était favorable à un nouveau musée d’Art moderne et contemporain situé le long du canal, entre Anderlecht et presque Vilvorde, a surpris bien des acteurs de ce lancinant dossier.

Guy Duplat
Le futur musée dans la zone du canal
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L’annonce ce week-end, par le gouvernement bruxellois, qu’il était favorable à un nouveau musée d’Art moderne et contemporain situé le long du canal, entre Anderlecht et presque Vilvorde, a surpris bien des acteurs de ce lancinant dossier. Ils ne s’attendaient pas à une telle annonce. Certes, c’est d’abord un effet d’annonce, car on est encore loin de voir arriver ce futur musée. Mais c’était une étape très attendue qui montre qu’après la ville de Bruxelles et l’Etat fédéral qui s’étaient déjà prononcés pour la nécessité de ce musée, c’est cette fois la Région bruxelloise qui le fait, qui s’empare du dossier et qui fixe - ce qui est de sa compétence d’aménagement du territoire (alors qu’elle n’a pas de compétences culturelles) - la localisation d’un musée qui restera de compétence fédérale, financé par le fédéral, le jour où il se fera.

Trois sites

Depuis la fermeture du musée d’Art moderne il y a deux ans par Michel Draguet, directeur du musée des Beaux-Arts, on discute d’un emplacement futur pour sa réouverture. Dans un premier temps, les collections d’Art moderne et contemporain du musée, invisibles pour l’instant, devraient être exposés dans l’ex-"Dexia Center", ex-Vanderborght, rénové (pour 11 millions d’euros), avec en prime, peut-être - on en discute - une partie de la collection Dexia et des collections privées. C’est la priorité du ministre Philippe Courard, en charge des musées, qui a, dit-il, ce dossier prêt, mais qui doit d’abord en discuter avec la Régie des bâtiments et ensuite passer par le Conseil des ministres. C’est son financement (partiellement par des sponsors, a exigé l’Inspection des finances) qui pourrait poser problème.

Ce dont on a parlé ce week-end se rapporte à la phase 2, qu’on n’attend pas avant dix ou 15 ans. C’est-à-dire, la construction d’un tout nouveau musée, dans un geste architectural digne de la capitale de l’Europe et qui reprendrait les collections installées provisoirement au Vanderborght. On est encore nulle part sur son financement (à titre d’exemple, le superbe, mais petit, nouveau musée d’Art contemporain d’Oslo, dû à Renzo Piano, a coûté 95 millions d’euros). Mais pour aller plus loin dans les études de définition du musée et de faisabilité, dans les plans de financement, il fallait d’abord se décider pour un emplacement.

Trois sites étaient avancés : le parc du Cinquantenaire poussé par Michel Draguet, le Heysel dans le cadre du projet "Neo", poussé par le ville de Bruxelles, et la zone du canal poussée par la Région dans le cadre d’une politique de revitalisation de ces quartiers. En particulier, il y a un projet ambitieux de l’architecte Xaveer De Geyter, concernant la porte de Ninove. Dans ce projet, la création d’un grand outil culturel de développement pourrait être le musée.

La Région a donc tranché en faveur de la zone du canal, renvoyant dos à dos la ville et Michel Draguet qui, bons joueurs, se sont tous les deux réjouis du choix de la Région. Celle-ci devrait préciser en juillet prochain sur quel terrain exactement irait le futur musée.

Forte de cet emplacement, la Région pourra lancer en étroite concertation avec la Politique scientifique fédérale et la commune concernée (Anderlecht ou Molenbeek), une étude de conception et de faisabilité. On parlait depuis des mois d’une étude McKinsey offerte gracieusement mais on ne l’a jamais vue.

Le chemin vers ce musée est donc encore très long et parsemé d’embûches. Ce n’est qu’une étape qui ne garantit pas qu’il voie le jour. Pour Philippe Courard, la priorité reste le Vanderborght. Mais cette annonce est néanmoins un signe positif de l’intérêt de la Région pour un tel outil et de la volonté de tous de travailler dorénavant en étroite collaboration. C’est déjà énorme. Et, sans doute, l’exemple formidable du Louvre à Lens a-t-il convaincu les sceptiques que l’investissement dans la culture peut être profitable à une ville.

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