L’Afrique essaime dans nos musées
Le musée de Tervuren et Bozar nouent des liens profonds.
- Publié le 16-03-2014 à 19h18
- Mis à jour le 18-03-2014 à 09h40
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Guido Gryseels a réussi à transformer la fermeture de son musée d’Afrique centrale à Tervuren, pour trois ans de rénovation, en opportunité pour essaimer l’Afrique partout en Belgique et dans le monde. Il prête les fastueuses collections Luba et Kongo aux Etats-Unis et bientôt dans des expositions au MuZee d’Ostende et au Mac’s, cet automne, avec l’expo "Ce tant curieux musée du monde" . Il a aussi prêté les grandes pièces iconiques (éléphant, pirogue, etc.) à d’autres institutions comme autant de clins d’œil. C’est le concept "pop-up". De quoi occuper son personnel, mais surtout enrichir le musée de Tervuren au contact d’autres institutions.
Son accord avec Bozar est exemplaire : le musée de Tervuren aidera à donner au Palais cette ouverture vers l’Afrique qu’il recherche et en même temps, les équipes de Bozar aideront le musée de Tervuren à s’initier aux arts contemporains. Guido Gryseels et Paul Dujardin, directeur de Bozar, ont présenté leurs projets communs. Ils en ont profité pour rappeler des données essentielles : 25 millions d’Européens sont d’origine africaine. Suivre les sociétés africaines et leurs cultures est essentiel. Ils ont regretté que les programmes de développement en Afrique ne parlent quasi jamais de la culture. Alors, dit Guido Gryseels, qu’elle est si importante pour la fierté d’un peuple : "Certes, les écoles et les hôpitaux sont importants mais tout autant que les chanteurs et les artistes qui rendent un peuple fier de lui-même".
Design à Kinshasa
L’antenne "AfricaMuseum@Bozar" sera le centre de cet essaimage. Bozar a donné des espaces à Tervuren pour y ouvrir un studio permanent pour des programmes d’éducation à l’Afrique. A côté, un "laboratoire" proposera régulièrement des installations sur l’Afrique. La première est une bibliothèque avec 500 000 pages de connaissances sur l’Afrique. Ensuite, on pourra consulter des cartes, de la musique, des photographies anciennes du Congo. Bozar organisera toute une série de manifestations autour de l’Afrique. Cet été, une expo de photographies africaines sur la question du genre, thème fort débattu aujourd’hui, mais question capitale en Afrique dont l’avenir dépend de celui de ses femmes. On annonce aussi, "Golgotha", performance de l’artiste sud-africain blanc Steven Cohen, qui ne craint pas de provoquer et d’évoquer l’homosexualité et le transgenre. En 2015, Bozar exposera du design venu de l’académie des Beaux-Arts de Kinshasa (2 500 étudiants mais aucuns moyens !). Ils ont été cornaqués par le designer belge Xavier Lust. Et à l’automne 2015, Bozar exposera les peintures populaires du Congo. "Plus que des expos spectaculaires d’art africain, nous voulons travailler sur l’éducation et la compréhension mutuelle."