Charleroi, capitale de l'art urbain
Des stars internationales du "Street art" investissent les quartiers de Charleroi.
Publié le 04-06-2014 à 18h27 - Mis à jour le 04-06-2014 à 18h33
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Des stars internationales du "Street art" investissent les quartiers de Charleroi.
Ce samedi, pour l’inauguration de la première Biennale d’Art urbain à Charleroi, on pourra voir à partir de 16h, un bus anglais, gratuit, ouvert, sillonner la ville pour montrer aux visiteurs les onze fresques monumentales peintes par des grands noms du « street art » international et des dizaines d’interventions plus petites dans une ville qui ambitionne de devenir un pôle pour cet art urbain, cosmopolite, branché Internet.
Jusqu’au 26 octobre, voire au-delà car les oeuvres resteront tant que les murs seront là, le public pourra admirer ces peintures dans un parcours à pied d’une heure et demi. Une manière étonnante de découvrir autrement une ville décriée mais qui veut se relever.
« Paul Magnette, le nouveau bourgmestre, voulait repositionner aussi la ville en terme d’art et cherchait un créneau qui n’existait pas ailleurs , nous explique Pierre-Olivier Rollin, directeur du BPS22 et initiateur de ce projet intitulé « Asphalt 1 ». Le street art est un art du renouveau, de la renaissance des friches, un art de communautés qui réoccupent l’espace public, un art plébiscité par le Net. Une manière idéale de transformer les défauts de la ville en opportunités. »
Vus du Ring
(Steve Powers)
Le commissariat de cette première édition a été confié à Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt, de la galerie bruxelloise Alice spécialisée dans cet art.
Dès le Ring, on découvre déjà des fresques monumentales.
L’Américain Steve Powers (né en 1968, vit à New York), grand nom du Graffiti, a discuté avec les habitants. Son idée de départ était l’équation « charbon+pression+temps= diamant ». Mais les habitants ont dit que l’évocation du charbon restait trop douloureuse pour eux. Il entendit alors dans un café, un homme dire: « Bisous m’chou », une parole tendre qu’il a reproduite en immense sur la façade du Palais des Expos. Plus loin, sur la façade de la Géode, une autre Américaine, Maya Hayuk (née en 1969, vit à New York) a réalisé une gigantesque fresque abstraite et géométrique, inspirée de l’art traditionnel ukrainien et du Op art.
(Maya Hayuk)
Toujours depuis le Ring, on peut voir le célèbre artiste anonyme Invader (né à Paris en 1969) et qui place partout ses personnages pixellisés en céramique. Ici, il occupe une tour de béton abandonnée avec le gorille Donkey Kong poursuivi par trois SpaceInvaders.
C’est une expérience singulière de sillonner ainsi Charleroi. La ville n’a pas de centre historique ni de patrimoine ancien. Elle fut créée pour satisfaire les besoins d’usines souvent fermées depuis lors. Ce paysage urbain parfois désolé, a inspiré Poch (né en 1972 à Paris) qui a placé un peu partout des figures de taille humaine, au pochoir, tirées de photos d’anciens groupes punks de la région de Charleroi.
Tour de Nouvel
En parallèle, on découvrira aussi la toute nouvelle tour bleue de Jean Nouvel pour le commissariat de Charleroi (et Charleroi/Danses). Une tour en forme de cône tronqué, couleur de gyrophare, une belle réussite et un repère nouveau dans la ville.
Un des endroits marquants du parcours est dans la ville basse, dans une friche difficile entre la rue de Marchienne et la rue du Moulin. Sozyone Gonzales (né à Bruxelles en 1973, vit à Valence) occupe parfaitement l’endroit en y ayant peint deux énormes personnages (25 m de haut) avec des airs cubistes et des attitudes de Bad Boys.
(Sozyone Gonzalez)
En face, peinte aussi sur les bardages métalliques d’une façade aveugle, un autre énorme fresque des Montois de Hell’O Monsters (en photo principale de cet article) .
Partout dans la ville, on découvre aussi les personnages très BD du Danois HuskMitvan (qui veut dire « Souviens-toi de mon nom »).
(HuskMitvan)
L’immense fresque de Sixe Paredes (la plus belle du parcours !), celles de Todd James et la magnifique sculpture de Boris Tellegem (Delta) dans le parc du tribunal de commerce, sont aussi impressionnantes. Et « infusées » dans la parcours, on découvrira des interventions libres, de graffeurs anonymes, en Off.
(Todd James)
Charleroi est parfois « trash », mais vous la verrez cette fois autrement, devenue centre d’art à ciel ouvert.
En pratique
Le parcours est par définition gratuit et les visiteurs peuvent obtenir une carte et un guide du visiteur en se rendant à partir de samedi, au Quartier Général placé dans l’ancienne piscine de l’université du travail, repeinte par ces artistes urbains. Le QG est ouvert du mercredi au dimanche, de 13h à 19h, rue Langlois 1, près du carrefour du Marsupilami.
Le QG a aussi aménagé une salle de spectacle et de conférences car la Biennale touche aussi aux musiques et aux arts de la scène. Ainsi, ce vendredi, à Charleroi/Danses, Bonom, le grand artiste urbain bruxellois, y jouera son spectacle «Méduses ».
Le volet fresques a pu être bouclé pour un budget très raisonnable de 650.000 euros. La plupart des fresques resteront en place au-delà des deux ans et la prochaine Biennale utilisera d’autres murs.
Rens. : Urban Art Biennale www.asphalte-charleroi.be.
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