Le siège d'AGC, une peau de verre intelligente
A Louvain-la-Neuve, sur le campus scientifique, près de l’autoroute, a surgi un beau bâtiment original et emblématique. Un grand parallélépipède de verre, sur pilotis, de 83 m de côté. Le siège d’AGC Glass, l’ex-Glaverbel, est un bâtiment innovant, audacieux dans ses technologies.
Publié le 16-06-2014 à 17h37 - Mis à jour le 17-06-2014 à 13h06
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A Louvain-la-Neuve, sur le campus scientifique, près de l’autoroute, a surgi un beau bâtiment original et emblématique. Un grand parallélépipède de verre, sur pilotis, de 83 m de côté. Le siège d’AGC Glass, l’ex-Glaverbel, est un bâtiment innovant, audacieux dans ses technologies, significatif de cette nouvelle architecture "soutenable" ; il est un des plus grands immeubles de bureaux à énergie quasi nulle de Belgique. Il est d’ailleurs un de ceux qu’on retrouve dans l’exposition "Réenchanter le monde" qui se tient jusqu’au 6 octobre à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris où on présente une grande variété de cette architecture, toute en mouvements les plus variés, une "écologie mentale".
Le bâtiment AGC, dû à l’architecte et ingénieur Philippe Samyn, est aussi le sujet d’un livre d’architecte publié chez Racine, avec de nombreuses photos de Marie-Françoise Plissart, des croquis, des plans et des textes.
Quand on visite le bâtiment, au milieu de la campagne, on pense immédiatement au siège historique de Glaverbel, construit il y cinquante ans à Watermael-Boitsfort par les architectes Braem, Guillissen et Jacqmain. C’était aussi un bâtiment sans façade principale, avec patio intérieur et pilotis, largement vitré, mais rond. On pense aussi à l’Aula Magna de LLN, toute proche, due aussi à Philippe Samyn, aux façades entièrement vitrées comme le bâtiment AGC. L’Aula Magna tranchait avec l’architecture unifiée en briques de la ville, mais participait au "génie du lieu", le "genius loci", devenant, pour Samyn, la "dame blanche" de la ville. Le bâtiment AGC étant alors "le grand frère de l’Aula Magna". Devant abriter le siège d’un géant du verre, il fallait une façade de verre, mais qui, en plus, serait le fruit d’une exploration des possibilités de ce matériau.
Des milliers de vantelles
La particularité du bâtiment est sa "peau". En général, le verre de façade est traité pour filtrer le soleil. Car celui-ci chauffe trop l’intérieur. Mais en faisant cela, on filtre aussi la lumière naturelle et on oblige à suppléer avec un éclairage artificiel.
L’architecte résume ainsi le dilemme : "Dans une façade vitrée, la calorie flirte avec le lux : tout apport de lumière vient avec un surcroît de chaleur dont on cherche à se protéger. Les verres réfléchissants ou absorbants sont comme des lunettes de soleil à fort coefficient portées en permanence, tandis que le verre clair transforme le bâtiment en serre".
Pour sortir de ce dilemme, Philippe Samyn, avec les ingénieurs d’AGC, a développé un verre extra-clair qui laisse entrer toute la lumière mais, pour protéger l’intérieur du rayonnement direct et éviter la surchauffe, il a mis au point, une seconde "peau", tout un système de vantelles de verre placées tout au long des façades et dont le mouvement est commandé en permanence par des ordinateurs en fonction de la place du soleil et de l’ensoleillement mesuré à chaque instant. Le résultat est spectaculaire : la lumière du jour entre totalement sans aucun éblouissement mais les rayons directs et chauffants sont arrêtés par les milliers de vantelles. Sur chacune, il y a des stries blanches parallèles sérigraphiées. La vantelle est en permanence perpendiculaire aux rayons du soleil.
Chaque employé peut moduler la lumière avec des stores. A l’intérieur du bâtiment, il y a trois patios de bois (du bambou) et une grande galerie centrale transversale qui réunit les fonctions du bâtiment et distribue les ailes de bureaux. Cette galerie peut servir de lieu de repos, de salle d’assemblée avec ses gradins. C’est une sorte de rue. Philippe Samyn a fait appel à l’artiste Georges Meurant, comme pour le bâtiment Europa au rond-point Schuman à Bruxelles, siège futur du Conseil européen. Il a créé partout des polychromies comme des pixellisations de couleurs tirées du rouge, du jaune et du bleu, tableaux de mosaïques de couleurs.
"AGC Glass Building", Philippe Samyn, Jan De Coninck, Racine, 45 euros