Triple exergue à La Louvière

Si ce fonds important lui est échu par partie conséquente par le biais de la Communauté française, la Ville de La Louvière n’est jamais demeurée insensible à l’accroissement d’un tel patrimoine et, bien évidemment, les donations ont fait le reste.

En offrant la diversité autour de trois pôles des acquis, l’enthousiaste directrice conforte les chances de visites par des publics divers attirés par l’une ou l’autre des mises en exergue. C’est intelligent, attirant et de bonne politique.

En outre, Catherine de Braekeleer, qui règne sur une équipe très féminine, sait aussi déléguer et c’est important. Dominique Durinckx assure ainsi le commissariat de cette triple rencontre.

Mettre l’accent sur l’estampe japonaise contemporaine est une opportunité d’autant plus indiquée que nous connaissons bien les estampes japonaises des temps passés, ceux d’Hiroshige, Harunobu ou Hokusai, par exemple.

33 Japonais d’après 45

Le Japon a toujours fait florès dans le rendu graphique et cela continue, comme en témoigne idéalement la sélection louviéroise, très panoramique et éclectique à souhait. Les traumatismes de l’après-Seconde Guerre et l’industrialisation galopante qui s’en suivit ont offert matière aux artistes. Au rez-de-chaussée, place nette aux auteurs plus conceptuels et, surtout, aux membres du fameux Gutaï, version nipponne du groupe Zéro occidental.

Treize feuillets de Takesada Matsutani sont éloquents, sérigraphies et tailles douces. Les relayent notamment neuf lithographies d’une suite de Kengiro Azuma, qui était surtout un sculpteur. Insistons aussi sur la participation de Shusaku Arakawa, qui bénéficia de deux présences dans la belle collection "Derrière le miroir" de la Galerie Maeght. Il n’est pas possible de passer sous silence la présence forte, lithographies et linogravures, d’Aki Kuroda, qui expose en ce moment à la Galerie Lazarew à Paris.

Une donation Lismonde

Le premier étage est dévolu, à son tour, à la création japonaise et aux sérigraphies et zincographies de Tetsuya Noda, apôtre de la vie intime ; succèdent les riches textures textiles de la seule femme du lot, Hiroko Okamoto.

Un ensemble d’affiches très vivantes complète cette utile mise au parfum de la créativité graphique japonaise.

Au second, place d’abord à Lismonde et à son œuvre gravé. Né en 1908 et décédé en 2001, Jules Lismonde fut de La Jeune Peinture belge et, si le dessin fut surtout sa marque de fabrique, l’estampe l’accompagna sa vie entière.

Serge Goyens de Heusch vient de lui consacrer, œuvre pie et utile, un "Catalogue raisonné". Il signe aussi le livret qui accompagne l’exposition. Cette mise en exergue de Lismonde est doublement justifiée. Par la qualité de l’œuvre, solide, éclectique. Et par une donation très importante de la Maison Lismonde.

Mario Avati

Peintre et graveur français né en 1921 et mort en 2009, Mario Avati a souvent été exposé en Belgique. Et, en 2011, sa veuve, Helen, décédée depuis, a fait don au Centre de la Gravure de 171 œuvres de son mari. S’il a pratiqué toutes les techniques, Avati s’est illustré en travaillant la manière noire et, plus rare, la manière noire en couleur. Une technique rude et besogneuse, qui requiert énergie et patience.

Que penser de l’art d’Avati, régulièrement identique à lui-même depuis les années septante ? Adepte de la nature morte, il lui aura imprimé une sorte de poésie silencieuse… quelque peu cliché. Heureusement colorée en demi-teintes. Estivale !

Centre de la Gravure, 10, rue des Amours, La Louvière. Jusqu’au 7 septembre. Trois catalogues bienvenus. Infos : www.centredelagravure.be