Expo : L’homme social en images photographiques

L'Atelier 340 accueille l'exposition "Vies en tranches. Un regard sur les éditions Husson". Un hommage à un éditeur, Michel Husson, on ne peut plus indépendant, non subventionné, venu sur le tard vers les images sur le papier sensible.

Critique : Claude Lorent
Expo : L’homme social en images photographiques

Au 340, livres et photographies de vingt-deux auteurs des éditions Husson.L’exposition qui regroupe 22 photographes est un hommage à un éditeur, Michel Husson, on ne peut plus indépendant, non subventionné, venu sur le tard vers les images sur le papier sensible. Pas n’importe quelle photographie. Pas celle policée, bien esthétisante, propre sur elle qui glorifie la belle image. Pas celle dite plasticienne version art contemporain. Celle qui parle du monde. Et des hommes, des femmes, des enfants, de la marge et du quotidien ordinaire. Celle de la vie sans fard. La vraie vie, celle qui parfois fait mal, celle qui se vit.

La photographie qu’il privilégie, c’est celle qui met l’homme en images non apprêtées et qui montre du monde l’envers des cartes postales. Ce qui ne veut pas dire que le bonheur n’est pas au rendez-vous, parfois. L’expo touche au cœur. Elle émeut. Elle interroge notre vision du monde quitte à la retourner. Elle dérange, elle déconcerte autant qu’elle convainc. En sortant, rien n’est plus comme avant.

Eveilleurs de conscience

En 22 livres et autant d’ensembles de photos qui en sont extraites, l’expo propose un petit tour du monde en sites choisis. Partout l’humain prime. La photo est sociologique, elle nous fait voir nos semblables et notre environnement comme on les montre peu. Trop peu pour réveiller nos consciences parfois endormies par les beaux clichés bien lustrés. Les choix de Michel Husson sont des engagements pour plus d’humanité.

Dans la sobriété du noir et blanc, Loïc Delvaux nous met devant les yeux la précarité sociale dans la "capitale de l’Europe", Bruxelles; Hélène Amouzou, d’origine togolaise immigrée à Bruxelles, évoque son doute identitaire; Pascal Rouet aligne une galerie de portraits de Cubains fumeurs de cigares; Steven Houins révèle "La colline des croix", lieu de pèlerinage en Lituanie; les détenus de nos prisons sont portraiturés par un collectif formé de J.-E. Atwood, J.-M. Bodson, G. Turine, M. Vanden Eeckhoudt et H. de Wurstemberger qui nous livre par ailleurs un très sensible regard sur "Pauline et Pierre", ses enfants.

Scènes de vie

En couleur, dans la vérité de l’instant, de l’attitude naturelle, d’un lieu, voici par Dan Zollmann un étonnant reportage sur la communauté des Juifs hassidim d’Anvers, la ferveur des supporters sportifs vue par Christophe Smets, des images volées dans le métro parisien par Paolo Pellizzari et le public de la fête nationale belge par Bernard Boccara, tandis que Philippe Herbet ramène de Russie des portraits de femmes. Par contre, c’est en noir et blanc pudique qu’Hervé Szydlowski saisit les corps de tous âges du centre naturiste de Montalivet et que Norbert Ghisoland, dès 1902, a pointé son objectif sur les gens du Borinage. Une des séries les plus émotionnantes vient des patients d’un hôpital psychiatrique d’Ukraine captés par Viviane Joakim. Plus que des documents, toutes ces photos sont de vraies tranches de vies.


"Vies en tranches. Un regard sur les éditions Husson". Atelier 340, drève de Rivieren, 340, 1090 Bruxelles. Jusqu’au 28 septembre. Du mardi au dimanche et jours fériés de 14h à 19h. De 1 à 7 €. Infos : www.atelier340muzeum.be. Entrée libre au café et au parc.

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