Reflets du jeune art émergent

De l’atelier à l’expo

Le fil rouge choisi par le commissaire est ténu et prétexte à rassembler les artistes sélectionnés dans un dispositif scénique excellemment pensé et conçu en établissant des liens et des rapports entre les œuvres. Les artistes étant d’anciens résidents du Wiels, le commissaire a travaillé sur le passage de l’atelier des artistes, situé au même étage, à l’espace d’exposition. D’où le titre de l’exposition et la symbolique de l’entrée dans l’espace muséal. Les deux interventions les plus en conformité avec cette proposition curatoriale sont celles d’Emmanuelle Quertain (Belgique 1987, vit à Bruxelles) et de Melissa Gordon (Etats-Unis 1981, vit à Londres).

La première, peintre de petits tableaux de natures mortes sur fond d’abstraction, a disposé ses peintures tout en intervenant sur le mur comme cela se produit fréquemment dans l’atelier. La seconde, peintre également dans une sorte de tachisme éclaté, sauvage et ardemment coloré dans lequel s’insèrent parfois des images, a placé ses œuvres sur des panneaux mobiles double face, sorte de structure ouverte révélant leur intérieur et dont les formes au sommet épousent celles de l’architecture du lieu. Un dispositif réussi et intelligent.

Image, forme et objet

D’une manière générale, les propos des artistes portent sur l’image, le formel et les objets, soit des préoccupations récurrentes dans une bonne partie de l’art actuel. Des sujets qui finalement brassent de nombreuses disciplines et reviennent vers quelques fondamentaux artistiques. L’image est traitée technologiquement par Rob Johannesma (Pays-Bas 1970, vit à Amsterdam) qui oppose deux types de technologies. Celle que l’on pourrait qualifier de vintage puisque datant des années quatre-vingt et livrant une image à la définition sommaire. Celle toute récente, de grande dimension, qui exploite les ressources les plus actuelles du numérique. Dans les deux cas l’image perd sa réalité par une manipulation artistique qui en appelle à la perception.

L’aspect plus formel est aux mains de G. Küng (USA 1982, vit à Bruxelles) qui dans un certain minimalisme et à l’aide de matériaux pauvres (carton…), reprend des formulations déjà très utilisées et quelque peu épuisées. Bien plus intéressantes sont les réalisations de Aukje Koks (Pays-Bas 1977, vit à Bruxelles) qui crée, non sans un brin d’ironie, des situations improbables et étranges. Son mur, constitué de pièces de bois en angle, de cintres, de portemanteaux et autres interventions est une sorte de dessin léger situé dans l’espace avec ombres portées. Les objets deviennent des formes quasiment abstraites.

Par ses références aux vêtements, Grace Schwindt (Allemagne 1979, vit à Londres) évoque surtout le corps alors que Cathérine Lommée (Belgique 1983, vit à Bruxelles) donne à voir une remarquable vidéo borderline entre nuit et luminosité. Quant à Lina Viste Gronli (Norvège 1976, vit à Cambridge), elle joue d’interprétation psychologique par les dispositifs et rapprochements d’objets. Au total, une expo qui est un bon reflet de l’art émergent actuel.

"During the Exhibition, the Studio Will Be Close", Wiels, 354, avenue Van Volxem, 1190 Bruxelles. Jusqu’au 17 août. Du mercredi au dimanche de 11h à 18h, jusqu’à 21h les 1er et 3e mercredis.

Publication : 160p., n/bl, texte (fr, nl, ang) par le commissaire, 16 pages libres par artiste.