Mons 2015 servira l'Europe au café
Virtuel n'est pas forcément synonyme de désincarné. Pour Mons, capitale culturelle européenne en 2015, il s'agira de donner corps à une réalité économique encore trop souvent ignorée : la Digital Innovation Valley. Celle-ci n'est pas seulement le centre de données européen de Google.
- Publié le 08-09-2014 à 20h02
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Virtuel n'est pas forcément synonyme de désincarné. Pour Mons, capitale culturelle européenne en 2015, il s'agira de donner corps à une réalité économique encore trop souvent ignorée : la Digital Innovation Valley. Celle-ci n'est pas seulement le centre de données européen de Google.
C'est aussi un incubateur d'une centaine de sociétés à la pointe du numérique. Une nouveau bassin industriel, comme celui de sa cousine cultuelle Linz, cité sidérurgique dont le Clabecq local, Voestalpine, a su s'adapter aux évolutions technologiques et économiques au point de devenir un des principaux mécènes locaux des arts numériques et du festival Ars Electronica.
Café Europa
En toute logique, Linz s'associe au projet de Café Europa initié par Mons 2015. L'édition 2014 d'Ars Electronica a été l'occasion d'une rencontre entre les différentes villes associées. Point de capitales (politiques) ici, mais des cités européennes de taille moyenne comme Riga, Strasbourg, Pelzen, Sarajevo ou Kaliningrad... Le concept : "recréer du lien social en utilisant les outils modernes, généralement synonymes d'isolement" souligne Pascal Keiser, en charge des nouvelles technologies à Mons 2015.
Concrètement, chaque ville associée créera un lieu de convivialité et y installera un espace d'échange. Un mur d'écrans numérique de six mètres sur trois permettra d'assister à des performances artistiques à l'autre bout de l'Europe et d'échanger avec les spectateurs. "C'est l'occasion de réellement créer ce village global promis par les nouveaux médias". Et peut-être de redonner un peu de profondeur à l'identité européenne par le dialogue, fut-il par écrans interposés.
Résidences d'artistes
Des artistes seront invités en résidence à Mons tout au long de l'année 2015. Leurs propositions artistiques seront visibles dans toutes les visibles associées via les cafés. Linz mettra évidemment son Ars Electronica Center à disposition. Son FuturLab conçoit d'ailleurs les écrans géants interactifs qui seront utilisés. Un outil social issu de son festival pourrait aussi y être de décliné : le bienenstock (ou ruche) est une application variante de YouTube qui permet de poster de courtes vidéos filmées avec un écran mobile. Sur le site de l'application, elles forment une mosaïque d'images rendant compte de l'ambiance d'un lieu ou d'un événement.
Manifestement, l'idée répond à l'air du temps. Thierry Danet de la Laiterie-Artefact, à Strasbourg, s'apprêtait à ressusciter la pratique traditionnelle des stamtisches (ou "tables d'habitués" où l'on discute) quand il a entendu parler du projet Café Europa. "Nous, on préparait le concept des "cafés conversatoires". C'est dire si la proposition de Mons 2015 répond à des questions que l'on se posait."
Symboliquement, le café Europa de Mons sera installé au Mundaneum. Cette bibliothèque universelle, destinée à centraliser toute la connaissance du monde, véritable Google (ou Wikipédia) avant l'heure créé par Paul Otlet et Henri La Fontaine en 1910, reposait sur l'idée utopique que le savoir permettrait d'éviter les guerres. Inutile de souligner combien le choix de ce lieu, classé au Registre Mémoire du Monde de l'Unesco, est pertinent alors que de nouveaux conflits sont à nos portes.