Le BAM, caisse de résonance des arts numériques à Liège

Un programme riche et diversifié a fait déjà résonner les échos de BAM dans les hautes fréquences de la Quinzaine Numérique au sein de laquelle il s'intègre.

Alain Lorfèvre
Le BAM, caisse de résonance des arts numériques à Liège
©Print screen BAM

La toute première œuvre du premier BAM Festival que l'on découvre s'intitule Aepophonia. Elle est signée par le collectif IF. On ne peut rêver mieux comme entrée en matière. "Et si...?" ("If" en anglais). "Et si on montait à Liège un festival d'arts numériques ?" Question née entre Mike Latona, déjà praticien des nouvelles formes d'expression, et Ronald Dagonnier, responsable de la section Vidéographie de l'Ecole Supérieure des Arts de la Ville de Liège.

"Bruxelles a l'iMal, Mons a Transcultures et le festival Transcultures. Il manquait à Liège un espace d'exposition pour les arts numériques" précise le second, cheville ouvrière de la nouvelle manifestation, qui réglait encore quelques détails pratique dans les minutes précédant l'ouverture du BAM - à prononcer comme l'onomatopée : faut que ça fasse du bruit !

Mike Latona a apporté son carnet d'adresse et son entregent. Par son intermédiaire, la programmation du BAM aligne déjà quelques pointures reconnues de cette scène pluridisciplinaire, parfois victime de la difficile classification qui en découle et qui la rend moins visible dans les médias et auprès du grand public.

Mercredi soir, IF ouvrait donc cette épiphanie sensorielle et esthétique. L'installation Aepophonia offre un prolongement avec les sculptures cinétiques des années 60. Des miroirs en demi-lune parfois cerclés d'un néon sont illuminés par une chorégraphie de spots, qui pulse au rythme d'une partition électro-acoustique. Les raies de lumières droites deviennent courbes, spirales puis vortex. Les miroirs re projettent l'ensemble sur les murs et le sols.

À 20h, passée les discours, c'était la compagnie suisse CENC qui ouvrait le bal avec sa performance Disorder. En clair-obscur, ses danseurs animent en clair-obscur des formes lumineuses : ballet de lucioles, polygone étouffant, formes cubistes à exploser et rassembler. C'est grâce à la vidéographie générative que cette interaction est rendue possible.

Belle entrée en matière qui se poursuivra jusque dans la nuit du 3 au 4 octobre, entre l'Académie des Beaux-Arts de Liège (où tout est gratuit) et le Cadran (où la nuit du 3 est payante).

A la première, outre IF, sont exposés les Anglais du collectif L.E.G. qui présentent un mobile hi-tech. Les ombres et les lumières - provoqués par exemple par le mouvement du spectateur devant l'installation - en actionnent des moteurs cachés. Leur oscillation modifie l'apparence de l'œuvre, que en devient une sculpture en métamorphose perpétuelle.

L'Allemand Jacques André Dupont réalise sur place une live painting utilisant notamment la technique du mapping. Celle-ci est pour les artistes numériques ce que la perspective était aux peintres classiques, ce qu'est le montage au cinéaste ou Photoshop aux photographes : à la fois vecteur d'espace, outil de narration et interface du regard du créateur.

Le logiciel Madmapper est le plus prisé parmi les artistes. On le doit au duo nommé 1024 Architecture, autant développeurs qu'artistes. Celui-ci a mis sa technique au service d'artistes aussi divers que le dessinateur et réalisateur Etienne de Crécy ou le pape de l'électro-dance Vitalic. 1024 Architecture, eux-mêmes grands prêtres en leur chapelle, seront à l'Aca de Liège ce 2 octobre pour jouer la deuxième partie de leur spectacle-performance trilogie Euphorie/Crise/Récession.

Dans le même registre, le BAM permettra au public de découvrir le 3 octobre les performances sons et lumières époustouflantes de Nonotak, autre duo pluridisciplinaire (un musicien architecte et un plasticien illustrateur) qui chorégraphie un lightshow sur de la musique électronique low-fi.

Soit un programme riche et diversifié qui fait déjà résonner les échos de BAM dans les hautes fréquences de la Quinzaine Numérique au sein de laquelle il s'intègre. Certes, l'Académie n'est peut-être pas le meilleur espace d'exposition et de performance (l'acoustique des lieux, notamment, laisse à désirer et pénalise la dimension immersif de certaines œuvres). Mais tout artiste sait qu'une œuvre n'est jamais aboutie. Et l'art du numérique est précisément sa dimension évolutive. D'ores et déjà, on attend avec curiosité la version 2.0 du BAM, avec, peut-être, un point d'exclamation en prime.


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