En balade graphique avec "The Parisianer"
Connaissez-vous "The Parisianer" ? Sans doute pas, puisque c’est une revue imaginaire qui se veut le pendant français du mythique hebdomadaire "The New Yorker" - dont le tirage tourne autour du million d’exemplaires.
Publié le 18-11-2014 à 17h12 - Mis à jour le 19-11-2014 à 11h40
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Connaissez-vous "The Parisianer" ? Sans doute pas, puisque c’est une revue imaginaire qui se veut le pendant français du mythique hebdomadaire "The New Yorker" - dont le tirage tourne autour du million d’exemplaires. Tout illustrateur a espéré, un jour, voir un de ses dessins à la "Une" de la publication américaine fondée en 1925, célèbre pour la qualité des textes qu’elle édite mais aussi pour la prestigieuse famille d’illustrateurs qui ont accédé à sa cover. D’où l’idée d’Aurélie Pollet et Michaël Prigent, qui rêvaient d’une aventure collective et collaborative qui leur ressemble. "Notre question de départ était : que voudrions-nous qu’un éditeur nous propose ? , se souvient Aurélie Pollet, codirectrice artistique du projet. Le fantasme du New Yorker n’était pas loin. On s’est donc lancé en proposant à différents artistes un exercice de style autour de Paris : en une image, chacun était invité à donner son idée de la ville. Notre souhait était aussi de pouvoir raconter Paris à travers une diversité de points de vue et de facettes."
Pluridisciplinaire
Un cahier des charges a dès lors été établi. Technique (le format est de 30 x 40 cm) mais aussi éditorial. Qui affirmait notamment : "Quelle vision de la ville nous raconte l’ensemble de ces images ? Qu’elles soient intrigantes ou quotidiennes, nostalgiques ou impertinentes. Réalistes, humoristiques, poétiques, critiques, sensibles, loin des stéréotypes, ces interprétations nous révèlent ce qui nous touche dans Paris." D’une manière ou d’une autre, tous les participants devaient avoir expérimenté la capitale française. Le duo fondateur a aussi souhaité que les techniques de dessins soient variées, privilégiant les méthodes traditionnelles, même si ce n’a pas été in fine un critère exclusif.
De par sa formation aux Arts décoratifs de Paris, un établissement pluridisciplinaire, Aurélie Pollet a eu à cœur de solliciter autant des illustrateurs de BD que des créateurs de films d’animation ou de dessin de presse. "On a commencé avec notre cercle de connaissances, puis on a sollicité des gens qu’on aimait et d’autres qu’on avait découverts sur le Net. Chacun était invité à proposer un croquis préparatoire . Pour éviter les doublons et nous permettre d’avoir une vision globale. Et parce que nous voulions rester maîtres de la direction artistique. Ce fut l’étape la plus délicate : gérer cent artistes, ce n’est pas rien ! Il a parfois fallu de la psychologie et/ou de la persuasion pour raisonner ceux qui s’éloignaient de nos intentions."
Des retraits, des ajouts
Une première exposition rassemblant les originaux a été proposée à la Cité des Arts, à Paris, en décembre 2013. Elle a accueilli quelque 6 000 visiteurs en quatre jours : du jamais-vu selon le directeur de l’établissement. Dans ce cadre, une vente a permis de rémunérer les artistes, qui jusque-là ne l’avaient pas été. Près de 70 % des œuvres ont alors été vendues. Tout avait été préalablement numérisé, à destination d’un ouvrage (épuisé depuis, et donc collector). La maison 10/18 réédite aujourd’hui ce travail avec quelques changements, retraits et ajouts, quarante nouveaux artistes s’étant depuis joints à l’aventure, spontanément ou à la demande des initiateurs de "The Parisianer". Parmi les 127 noms à l’affiche de ce nouveau livre, deux Belges : Brecht Vandenbroucke et Tom Schamp.
Eclectique
Au fil des pages, la balade dans Paris s’effectue de manière thématique, le point rassembleur étant un extrait de chanson ou une citation d’œuvre littéraire (comme "Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment d’un aussi grand amour" de Prévert ou "Paris est une fête" d’Hemingway). De quoi refléter le côté éclectique et la diversité d’atmosphères temporelle des illustrations.
Après un récent séjour en Ukraine, une exposition est actuellement accueillie par la librairie Candide, à Bruxelles, qui propose vingt tirages. Une nouvelle étape avant le souhait ultime de l’équipe : exposer dans les locaux mêmes du "New Yorker" ?
"The Parisianer", 10/18, 152 pp., env. 18,90 €. Expo à la librairie Candide (1, place Brugmann à Ixelles) jusqu’au 31 décembre 2014. www.theparisianer.fr