Etonnants Mayas du Mexique

Avec 385 pièces d’exception et de nombreux chefs-d’œuvre, Stéphane Martin, président du Musée du Quai Branly, peut être fier. Son institution ajuste, avec un éclectisme de belle nature, les explorations. Après avoir proposé un accrochage autour des Mayas du Guatemala, voici que nos pas nous mènent auprès de leurs frères mexicains.

Cette exposition bénéficie de la collaboration majeure de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique qui a rassemblé les pièces importantes de ses sept musées, assorties de celles de cinq musées d’État et d’universités mexicaines et de six musées de sites archéologiques.

Le commissariat est assuré par Mercedes de la Garza, écrivain, historienne et académicienne, qui avoue s’enchanter sans cesse de la vision de tous ces temples qui, en son Mexique natal, surgissent, impressionnants, au milieu de la forêt.

Révélation d’un temps sans fin

Titrée "Mayas - Révélation d’un temps sans fin", l’exposition nous plonge d’emblée au cœur du sujet en posant côte à côte les tableaux récapitulatifs du Monde Maya ancien (600 à 1697 après Jésus-Christ) et du Monde Maya actuel avec ses huit millions d’individus parlant plus de trente langues différentes. Le patrimoine est fantastique : plus de cent cités à l’architecture étonnante, une statuaire éblouissante de finesse, ses fresques, ses pièces en céramique, ses masques rituels en jade, son système d’écriture perfectionné.

Le parcours est thématique et chronologique. Idéal pour entrer de plain-pied dans le quotidien humain, social, politique, culturel, religieux, des Mayas. Très particulier et fameux, le "Panneau de l’autosacrifice", en calcaire, classique récent (600 à 900 de notre ère) interpelle dès l’abord.

La subtilité et la précision du contour, ciselé, des personnages, sont frappantes. Il raconte avec grâce une histoire sanglante.

Au quotidien

Le Maya a, de tout temps, lié un pacte obligé, pour sa survie et ses croyances, avec une nature envahissante ou aride ou sévère, de la jungle tropicale à l’aride plaine calcaire de la péninsule yucatèque, de celle-ci à la cordillère volcanique du Sud. Et son art s’est inspiré de ces liens, tout comme il a fait bombance de scènes vécues. Représentations sculptées ou peintes des monuments avec, en exergue, les faits et gestes des chefs lors des rites.

Portraits de nobles mais aussi du commun des hommes : les pièces en céramique des sépultures de Jalna sont très expressives. Tel ce vieillard tenant ses genoux dans les mains. Le visage et le ventre bedonnant sont explicites.

Les chefs mayas commémoraient leurs succès militaires en représentant les prisonniers de manière humiliante. Bel exemple : le Monument 154 de Tonina, au Chiapas (600 à 800 ap.-J.C.)

Le temps, les astres

Pour les Mayas, le temps aura toujours été le mouvement même de l’espace : il obéit à la loi des cycles. D’où un système calendaire hérité des Olmèques : le compte long, qui permettait de fixer les dates, et la roue calendaire résultant de la combinaison des cycles des années rituelles (260 jours) et solaires (365 jours). Ils durent aux mêmes Olmèques le zéro. La vie des cités est passée au peigne fin, tout comme le système d’écriture maya. Et les faits historiques ont été répertoriés sur les monuments publics.

Riche, l’exposition offre un parcours artistique qui double astucieusement l’épopée maya sous toutes ses coutures. Les forces sacrées n’y sont pas en reste. Elles régissaient la vie des hommes jusqu’à leur trépas.

Musée du Quai Branly, Paris 7e. Jusqu’au 8 février. Magnifique catalogue, coédition Quai Branly/RMN-GP. Infos : www.quaibranly.fr

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